Pour agrandir son champ : Un planteur vole des plants d’hévéa

«On ne peut pas placer la charrue avant les bœufs», dit l’adage. Pourtant c’est ce qu’a fait Kraidy Adjobi. Son impatience et son désir fou à vouloir coûte que coûte des plants appartenant à son beau-frère pour son champ l’a mis dans de sales draps. Ce faisant, il est allé déterrer des plants d’hévéa d’un autre planteur. Il a été conduit devant les tribunaux le 15 juillet où il a essayé de se défendre. Le tribunal ne l’a pas suivi dans son raisonnement et l’a condamné à 6 mois d’emprisonnement fermes et 50.000 Fcfa d’amende. À sa sortie, il devra reverser la somme de 150.000 Fcfa à titre de dommage et intérêt à sa victime. A la barre ce 15 juillet Kraidy Adjobi s’empresse même de relater les faits, à la demande du juge. «J’ai une parcelle de 3,5 ha à Samo que je voudrais exploiter pour les cultures pérennes. J’ai demandé 1 ha de plants d’hévéa à mon beau-frère, K., qui possède plusieurs ha de pépinières. J’ai promis lui rendre ses plants, lorsque les miens seront greffés. Je l’ai même aidé l’année dernière à greffer ses plants. Le 26 juin, je suis allé chez lui mais, il était absent. Sa femme, qui est ma cousine, m’a dit qu’il est allé en voyage à Sikensi. Le 28 juin, je suis allé avec mon neveu Kraidy Assamoi pour arracher des plants d’hévéa. Nous avons déterré 600 pieds que nous avons rangés dans des sacs. Nous avons fait un premier voyage. C’est au second voyage que nous avons été surpris par le propriétaire des plants. Et je me suis enfui». Le juge lui demande : «Pourquoi vous avez fui ? Vous avez dit que vous étiez dans le champ de votre beau-frère !». L’accusé s’empresse de répondre : «J’ai eu peur». Le juge lui rétorque : «Pourquoi vous aviez eu peur, il n’a ni machette ni fusil. Vous le voyez et vous courrez ? ». Kraidy Adjobi ne répond pas, il fixe le juge des yeux, apparemment l’air serein. Le magistrat appelle à la barre la victime, Adjobi Anoh. Il regarde avec dédain son voleur. Le juge lui demande : « Il dit avoir détruit 600 pieds, ça fait combien d’ha ?» Adjobi Anoh regarde à nouveau son voleur toute furieuse, et répond : «1 ha, ça fait 500 pieds». «Est-ce que vous pouvez reprendre vos plants ?» lui demande le juge. «C’est déjà gâté, il y’a 10 jours que cette affaire traîne» répond-elle. Le juge s’adresse de nouveau au prévenu. «Kraidy tu dis que tu es allé prendre les plants de ton beau-frère. Celui-là, n’est pas ton beau ?» Kraidy qui comprend qu’il est dans le faux, répond à peine. « Je pensais que c’était pour mon beau-frère», lance-t-il. «Voulez-vous qu’il vous rembourse ? » demande le juge à la victime. « Oui, M. le juge ça fait 2 ha, qui sont égaux à 1.000 pieds. Il doit me reverser 150.000 Fcfa » affirme Adjobi Anoh.

Emmanuelle Kanga
Correspondante régionale