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Société Publié le mardi 8 décembre 2009 | Nord-Sud

Cissé Djiguiba (Imam de la mosquée du Plateau) : “On peut épouser une griotte… sans danger”

Dans le cadre de notre débat sur la superstition, l’Imam Cissé Djiguiba de la mosquée du Plateau a bien voulu apporter sa contribution. Dans cette interview, il explique ce que l’Islam pense de cette croyance.


Comment l’Islam définit-elle la superstition ?

C’est une attitude qui consiste à interpréter, à donner un sens à tout. Ibrahim, le fils du prophète a été appelé par Dieu. C’est ce que Dieu a prévu. Les gens ont interprété cela dans tous les sens par rapport à l’éclipse qui avait eu lieu au même moment. On nous a fait croire que l’enfant du prophète est décédé, et en même temps, un miracle s’est produit.


Ce qui veut dire que la superstition existait déjà dans la société arabe ?

Oui, elle existait dans cette société. Mais le prophète Mohamed n’a pas accordé d’importance à cela. Parce qu’il a poursuivi ses activités. L’éclipse est un phénomène naturel. Elle est divine et la mort est aussi divine. Il n’y a aucune coïncidence, donc aucune interprétation. Il n’y a pas de relation de cause à effet entre l’éclipse et la mort du fils du prophète. Il faut séparer totalement les deux phénomènes. Cela ne doit pas donner lieu à une superstition.


Les piliers de la foi islamique sont très rigoureux sur l’unicité de Dieu. Est-ce que le fait d’avoir d’autres croyances n’est pas une sorte d’associationnisme, du point de vue islamique ?

Bien sûr ! La foi en un Dieu unique est le pilier central qui, systématiquement, écarte tout associationnisme.


Peut-on qualifier la superstition d’associationnisme ?

On peut classer la superstition dans l’associationnisme si toutefois, cela a un impact sur le comportement spirituel et moral des musulmans.


Justement, dans nos sociétés, quand il y a une éclipse, on dit que le chat a attrapé la lune, et on bat des ustensiles à travers la ville. On imagine que vous faites des prêches contre ce genre de pratiques ?

Oui. Vous savez, cette attitude relève de l’ignorance. Ils n’ont aucune instruction par rapport aux phénomènes de l’astronomie et des mouvements des astres. Quand ce phénomène se produit, les gens ont l’impression que c’est une catastrophe qui arrive. Donc, ils veulent conjurer le sort. L’islam a une prière lorsqu’il y a une éclipse. Cette prière a pour objectif de remercier l’attention d’Allah et de glorifier son unicité et sa majesté.


Il y a aussi de pires formes de superstition qu’on connaît dans notre société. Par exemple, le cas des veuves qui ont perdu deux maris et pour qui il devient impossible de se remarier parce qu’on estime que le troisième va aussi mourir.

Notre communauté est en train d’émerger, en allant vers une compréhension rationnelle de l’Islam, par rapport à nos traditions. Prenons le cas de la veuve dont vous venez de parler. Imaginez une femme séropositive qui perd son mari. Elle se marie encore et le deuxième prend le virus et il meurt. On n’a pas l’esprit scientifique pour se poser la question de savoir ce qui fait que théoriquement, ce phénomène se produit. Ce sont des choses qui sont contraires à l’Islam. Prenons le cas où une femme perd son mari puis, le second. On entre dans les études mystiques en disant que ce sont les “djinns” qui se sont mariés avec cette femme. Et que lorsque cette femme contracte un mariage, par jalousie, le démon peut tuer son mari. Ce sont des faits que nous connaissons. Mais il faut le savoir pour pouvoir conjurer le sort, et débarrasser la femme de ce démon.


Comment aider une telle femme ?

En identifiant le djinn en question. On lui demande de partir, s’il ne le fait pas, on peut le tuer par des voies mystiques. C’est connu de l’enseignement islamique. Ce sont des guérisons et des voies d’exorcisme.


Malgré les prêches, certaines familles musulmanes continuent de s’opposer au mariage entre nobles et griots. Que répondez-vous ?

Ces choses ne sont pas bien analysées dans leur contexte. Des musulmans sont en retard dans la compréhension des choses par rapport aux enseignements de l’islam. Le coran dit clairement que lorsque quelqu’un vient demander votre fille en mariage, et que vous êtes satisfait de sa religion, faites assez vite le mariage. Si vous ne le faites pas, il va s’en suivre un désordre et un certain nombre de choses vont être regrettables. Cette règle est claire.


Il y a beaucoup de jeunes qui sont dans cette situation et qui ont peur de s’engager. Quelle assurance pouvez-vous leur donner ?

Généralement rien ne va leur arriver. Si vous vous en remettez à Dieu, rien ne va vous arriver. Il n’y a pas d’essence supérieure par rapport à Dieu. Il n’y a pas de supériorité d’un blanc par rapport à un noir. Le Coran le dit. Donc, si cette croyance est forte et qu’il faut l’appliquer dans votre vie, si vous épousez une femme qui n’est pas de la classe des griots, rien ne vous arrivera. Un Kouyaté n’est pas forcément moins que l’autre. Il n’assume qu’une fonction d’éducateur, d’historien. Il a des con­naissances des sciences humaines à partir desquelles il peut résoudre des conflits. Il n’est pas un sous-homme.


Avez-vous déjà célébré un tel mariage ?

L’imam se présente pour informer et faire comprendre. En tant que musulman, on ne doit pas aller vers ce qui désobéit à Dieu. Si des gens nous demandent de célébrer un mariage, qui est conforme à ce que Dieu a dit, nous le faisons.


Les gens se sont mariés et rien ne leur est arrivé jusqu’à ce jour ?
Rien ne leur est arrivé et rien ne leur arrivera.

Interview réalisée par Cissé Sindou
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