Cinquante ans d’existence, ça se fête. Ce n’est pas le slogan d’une entreprise au mieux de sa forme. Mais le choix fait par le chef de l’Etat ivoirien. Laurent Gbagbo a décidé de marquer d’une pierre bien arrosée le cinquantenaire de la Côte d’Ivoire. Une fête pour laquelle l’Etat mettra sur la table la bagatelle de quatorze milliards Fcfa. Cette somme, pour un pays en crise et dont les travailleurs sont sur le pied de guerre, est un véritable luxe. La Côte d’Ivoire, c’est une lapalissade, est financièrement au creux de la vague. A preuve, l’une des multiples raisons qui expliquent les reports sans fin des élections, et le retard de la mise sur pied du centre de commandement intégré, CCI, c’est l’absence d’argent. Faut-il le rappeler, le service civique national destiné à offrir un avenir aux jeunes qui ont fait le coup de feu a été mis sous le boisseau. Les grèves des médecins, enseignants, infirmiers, sages-femmes et bien d’autres corps socio professionnels ont un seul fondement : obliger l’Etat à débourser les sous des accords conclus avec les travailleurs. La tourmente sociale de ses derniers temps avec à la clé des tragédies dans les formations sanitaires, c’est donc parce que l’Etat a les mains vides. Alors, comment comprendre que ce même Etat parvienne à sortir de sa tirelire quatorze milliards Fcfa pour faire la java ? Quatorze milliards Fcfa, c’est au moins une dizaine de lycées et autant de centres de santé. Il faut donc se rendre à l’évidence, ce qui fait défaut à la Côte d’Ivoire, c’est moins l’argent que l’affectation des ressources ; le choix des priorités. On ne peut pas investir tant d’argent dans une fête dont l’impact n’est que symbolique au détriment des besoins fondamentaux d’une population affectée au plus haut point par la pauvreté. Ce n’est pas acceptable.
D. Al Seni
D. Al Seni