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Politique Publié le mercredi 7 avril 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Chronique diplomatique - La France n’est pas membre de la francophonie

« Francophonie » je ne comprends pas bien et je ne veux plus prononcer ce mot. Le rejet de la francophonie m’est venu comme évidente, après avoir observé longtemps le comportement de la France dans les Etats d’Afrique ‘’Francophone’’. J’ai retenu seulement quelques moments forts : la ‘’Francophonie’’ a été créée en Afrique et par les Africains : il s’agit du tunisien Habib Bouiguiba, du sénégalais Léopold Sedar Senghor et du Nigérien Hamani Diori. Et vite pendant la période d’expérimentation, la France va récupérer la ‘’Francophonie’’ pour la transformer en système diplomatique, participant parfois aux choix des présidents africains. Aujourd’hui, chaque état d’Afrique ‘’francophone’’ est un centre de développement et de pôle de compétivité des hommes d’affaires français aux projets économiques parfois cloisonnés. C’est dans cette récupération simplement économique et diplomatique de la francophonie que Paris va gérer avec complaisance et une vision légère, les Etats d’Afrique francophone. En réalité, la France n’a pas créé la ‘’francophonie’’ et elle n’est pas membre de la francophonie. La France a tout simplement confisqué la francophonie pour en faire un concept du prolongement de la politique étrangère et renforcer l’audience de sa mobilité économique. Cela devrait suffire pour que la France n’ait aucune affection pour les Etats d’Afrique francophone. Je ne comprends plus la francophonie parce que déviée de sa mission, et de son objectif principal. La francophonie, il y a 40 ans, a été créée par Hamani Diori, Habib Bourguiba, Léopold Sedar Senghor, pour être une ‘’agence de coopération culturelle et technique. ACCC. L’agence plaidait pour la formation des cadres africains, des Etats d’Afrique ayant en partage le français comme langue de communication et d’échange. C’est tout. Voilà la vision bien claire de Léopold Sedar Senghor, Hamani Diori et Habib Bourguiba, qui ont voulu clarifier les compétences des ressources humaines de leurs états, dans les domaines culturels et techniques en partenariat avec la France. Paris a simplement récupéré la francophonie pour en faire un jeu de dupes. Et la France par le concept de la francophonie s’est installée à surveiller la bonne gouvernance des Etats d’Afrique francophones. Tout va bien pour la France par le concept de la francophonie, qui sauve ses intérêts économiques. Dans ce jeu de dupes de la francophonie, Paris condamne le chef d’Etat ‘’francophone’’ qu’elle ne porte pas dans le cœur. Soutient le chef d’Etat mal élu, tripatouilleur de constitution. Et on conseille aux leaders d’opposition, bénéficiaires des facilités de Paris de faire des marches de protestation. Dans ce jeu de dupes « la francophonie » telle que conçue par la France est une œuvre envahissante et complaisante. Au Burkina, il y a quelques années, la francophonie’’ a été la révélation dramatique de cette politique de dupes. Le ministre ivoirien de la ‘’francophonie’’ Mel Théodore, représentant Laurent Gbagbo au sommet de Ouaga a été refoulé en présence de Abdou Diouf secrétaire général de la ‘’Francophonie et de Jacques Chirac à l’époque président de l’Etat français. Dans cette vision de la France, qui n’est pas un modèle idéal, la francophonie n’a rien apporté aux Etats d’Afrique francophone. A l’analyse, la francophonie deviée de son enjeu culturel est devenue une institution française correctement politique. Je ne veux plus parler de francophonie et de ses lourdeurs diplomatiques très politiques, qui, aujourd’hui, déboulonnent les Etats d’Afrique qui ont en partage la langue française. La francophonie a été créée par les africains pour être une agence de coopération culturelle et technique, il y a 40 ans. Et, c’est plus triste, quand la France parle de sommet de la ‘’francophonie’’, une structure qu’elle n’a pas créée. La France n’est pas membre de la francophonie. Paris a été simplement ‘’consultée’’ par le Tunisien Habib Bourguiba, le sénégalais Léopold Sedar Senghor et le Nigérien Hamani Diori pour aider les cadres africains, dans les échanges culturels entre les Etats d’Afrique, ayant le français comme langue commune. Mais qu’est-ce que la France a ‘’appris’’ aux Etats d’Afrique, ayant en partage le français ? rien. Paris a tué la « culture de participation » en traitant avec sévérité les sentiments politiques et diplomatiques des Etats d’Afrique. Et, quand la France parle d’un sommet de la ‘’francophonie’’ les chefs d’Etats de cette sous-région perdent le sommeil parce que les coups d’Etat et de force sont à leurs portes. Ce n’était pas le fondement de la francophonie et la vision de Hamani Diori, Léopold Sedar Senghor et Habib Bouiguiba.

Par Ben Ismaël
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