Le projet FDS terrains nus, pôle urbain de Sophia Immobilier suscite beaucoup d’interrogations. Le promoteur a bien accepté de s’ouvrir à nous pour en dire un peu sur cette opération qui fait tant bruit.
Le Patriote : Pourquoi tant de bruits autour d’un projet, qui a du mal à voir le jour ?
Touré Ahmed Bouah : Je ne sais pas si le projet a effectivement du mal à voir le jour, mais je pense que ce n’est pas un projet qui ne voit pas le jour. C’est un projet que tout le monde voit tous les jours. Il n y a que la mauvaise foi de ceux qui ne veulent pas le voir qui les amènent à ne rien voir. J’ai chanté sur tous les toits que les terrains sont là-bas. Alors ceux qui veulent les voir, les verront. Et ceux qui ne le veulent pas ne le verront pas. Ceux qui n’ont pas envie de voir, ne verront pas le projet.
LP : Dans des déclarations récentes, vous avez dit dans le projet terrain-nu aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS), que le 15 Juin vous leur rendriez les terrains. Le 15 Juin est passé. Aujourd’hui, il y a des grognements dans les casernes. Qu’est ce qui cloche ?
TAB : Pour ma part, je ne sais pas si ça grogne dans les casernes ou même que les gens s’impatientent. Me concernant, je n’ai vu personne grogner. Et je n’ai aussi vu personne s’impatienter. Moi, j’ai fini le projet. Et j’avais même dit que dès le 05 Juin, les gens pouvaient rentrer en possession de leur terrain. Mais, vous savez qu’un tel projet, qui s’est étiré sur 5 ans, ne peut pas avoir une fin aussi banale. Il faut certainement donner un caractère solennel à l’évènement. Et les organisateurs de cette cérémonie seront prêts à la date qu’ils vont nous indiquer pour que nous soyons effectivement à cet évènement. Mais, en ce qui me concerne, j’ai fini ma part.
LP : Est-ce que ce projet est une arnaque ?
TAB : On sait où vont ceux qui commettent des arnaques. Je suis chez moi. Vous étiez, aujourd’hui à l’Etat-major des Armées. Vous avez approché les différentes parties. Je ne sais pas ce que c’est que l’arnaque.
LP : Un projet initialement prévu à Ebimpé qui, finalement se retrouve à Anyama-Adjamé. Ce changement de site …
TAB : Mon projet d’aménagement s’étend sur deux assiettes foncières. L’une de 12.000 hectares et l’autre de 2.450 hectares. Ces 12.000 ha et ces 2.450 ha ont à leur sein plus de 11 villages. Et que le projet pilote pouvait se développer dans chacun de ces 11 villages.
LP : Il y avait eu des contestations à Ebimpé avec les villageois. Alors que selon des sources militaires, c’est dans ce village que le projet devait initialement voir le jour.
TAB : Le projet n’était pas prévu initialement à Ebimpé. Le projet se trouve initialement dans 11 villages. C’est tout. Personne ne vous a parlé d’Ebimpé. Il y a eu des terrains à Ebimpé. Il y a eu des terrains à Anyama-Adjamé. Sur les 12.000 ha le besoin des FDS est de 772 ha. C’est vrai qu’il peut y avoir des incompréhensions au niveau d’Anyama-Adjamé. Ces mêmes 772 ha sont disponible ailleurs. Où est donc le problème?
LP : Dans ce cas, ne dites pas que le projet n’était pas initialement prévu à Ebimpé.
TAB : Mais pourquoi ne parlez-vous pas des 11 autres villages et vous vous focalisez sur Ebimpé ?
LP : Lorsque vous avez présenté le projet à la presse, c’est à Ebimpé qu’il devait être réalisé.
TAB : Il n’y a jamais eu de travaux présentés à Ebimpé. Le projet s’étend sur 11 villages. On est libre d’aller remettre le projet là où on veut. Cela pouvait être à Etingué, à Akoupé, ou à Ebimpé. Peu importe. On est libre d’aller le faire là où on veut. Pourvu que les gens aient seulement leur terrain avant la date convenue. Et cette date n’est pas encore arrivée, puisqu’il reste encore 2 ou 3 ans.
LP : Il y a eu des démissionnaires au niveau du projet. Aujourd’hui, combien de souscripteurs restent-il ?
TAB : Certes, il y a eu des démissionnaires. Il y a eu aussi des décès. Et des résiliations. Nous étions autour de 21.634 souscripteurs. En tout, il y a eu environ 234 souscripteurs qui sont partis. Ces personnes sont parties pour diverses raisons, soit par convenance personnelle, soit par décès. Mais ils sont vraiment en nombre restreint.
LP : Chaque fois que vous parlez, vous dites que vous disposez de documents administratifs. Pouvons-nous savoir de quels documents il s’agit ?
TAB : Mais, vous êtes journalistes. Vous savez de quoi il s’agit quand on parle de documents administratifs. On ne travaille pas sans documents administratifs. Si je vous dis que j’ai des documents administratifs, c’est que je les ai effectivement.
LP : Pouvons-nous savoir au moins si ce sont des assiettes foncières qui ont été approuvées par le ministère ?
TAB : Ecoutez ! Les études que nous organisons dans le projet de pôle urbain, le BNETD est la structure la mieux outillée dans toute l’Afrique de l’Ouest. Et c’est le BNETD qui réalise nos études. Sur ce point, il n’y a aucun problème.
LP : Mais, au moment où vous lanciez le projet en 2007, le BNETD n’était pas encore présent. Puisque la convention signée avec cette structure est récente.
TAB : Oui, effectivement ! Nous avons lancé le projet en 2007. Les études se réalisaient par le biais des cabinets d’architectures privés. Mais, dans le souci de mieux faire et de garantir une qualité de travail, je me suis orienté aujourd’hui, vers le BNETD qui, techniquement, offre la garantie la plus sûre. Parce que ce sont des dossiers fonciers qui sont difficiles à gérer sans un partenaire sérieux.
LP : Tantôt vous parlez, concernant le projet des FDS, de terrains nus. Vous parlez aussi de pôle urbain et d’aménagement. De quoi s’agit-il exactement ?
TAB : Je vous ai dit que Sophia a un projet d’aménagement sur une assiette foncière de 12.000 ha. L’un des volets sociaux de ce projet est le projet de fourniture de terrains nus qui est quelque chose de vraiment subsidiaire dans mon projet. J’ai mon projet. Et celui de fourniture de terrains nus est un élément subsidiaire de mon projet. Tous les Ivoiriens savent que d’un côté j’ai toujours parlé de pôle urbain. Et c’est de ce projet que je parlerai tous les jours, puisqu’il s’agit de la maîtrise de la planification foncière. Et de façon spéciale et subsidiaire, il y a le projet de fourniture de terrains nus.
LP : Donc des terrains non viabilisés?
TAB : Un terrain nu est un terrain non viabilisé. La viabilisation incombe à l’Etat. Ce n’est pas à un promoteur privé de viabiliser. Ça fait partie des missions régaliennes de l’Etat.
LP : Donc ceux qui vont acquérir leur terrain devront attendre que l’Etat vienne les viabiliser ?
TAB : Ça, c’est autre chose. Nous avons entamé avec eux, la phase de construction qui va apporter la viabilisation.
LP : Pouvons-nous savoir qui va procéder à l’aménagement lorsque vous allez entamer la phase de construction de votre projet immobilier ?
TAB : Quand nous allons entamer la phase de l’aménagement et la phase de la construction, nous allons intégrer cela dans le coût de la maison.
LP : A quand le début de l’aménagement ?
TAB : Mais le projet est déjà entamé. L’aménagement, c’est d’abord les études. Et les études sont actuellement en cours. C’est déjà entamé.
LP : Au juste, qu’est-ce que vous entendez par aménagement ?
TAB : L’aménagement, c‘est la maîtrise d’un espace donné. La viabilisation, l’amené d’eau, l’amené de courant. En somme, tout ce dont vous pouvez penser qui contribue à garantir la qualité de vie du potentiel habitat. Pas ce que vous avez l’habitude de voir ici où les gens ont construit des bidonvilles de luxe.
LP : Pour les études topographiques vous avez remis la somme de 100 millions FCFA à l’Agence foncière (AGEF). Pouvons-nous savoir combien vous avez remis au BNETD ?
TAB : Non. Je ne parle pas d’argent. Je souhaiterais que nous restions dans le cadre du projet de fourniture de terrain où il n y a rien à cacher. Où je demande à tout le monde de se rendre sur le site. Et pourquoi ne pas voir aussi le chef de village dans ce cadre ?
LP : Vous parlez d’un projet sur 25 ans. N’est-ce pas un rêve fou?
TAB : Mais Emmanuel Kant a dit que tout ce qui vient du rêve est grand. C’est le rêve qu’il faut toujours transformer en réalité. Mais quand tu n’as pas de rêve, tu cesses d’être un homme. Vous savez, Paris ne s’est pas construit en un seul jour. Nous avons fait une planification. Les experts les plus outillés parlent de 25 ans. Si vous estimez à votre niveau qu’il s’agit d’un rêve fou, je vous le concède. Mais, nous avons une approche purement scientifique et technique de la question. On parle de planification urbaine et d’aménagement. Mon projet n’est pas un projet de promotion immobilière. Je ne parle pas de construction ni de promotion immobilière. Je parle d’aménagement.
LP : Revenons à notre préoccupation. Vous avez parlé de la remise de terrains nus très bientôt. Mais cette cérémonie va consister en quoi ? Auront-ils des terrains-nus, des plans techniques ou des lettres d’attribution ?
TAB : Cette cérémonie va consister à prendre possession du terrain physique. Puisque nous avons déjà remis les lettres d’attribution. Toutes les lettres d’attribution sont déjà disponibles.
LP : Vous les avez remis à qui ?
TAB : Nous les avons remis aux souscripteurs, en Mars 2007, à l’Etat Major des Armées.
LP : Mais à ce sujet, n’était-ce pas seulement une remise symbolique?
TAB : Non ! Il s’agit-là de votre point de vue. Nous avons effectivement remis des lettres d’attribution aux souscripteurs.
LP : Pouvons-nous connaître de nombre de lettres d’attribution que vous avez remis à cette cérémonie?
TAB : Mais combien étaient-ils ? Nous avons remis les lettres à tous les souscripteurs ou à leurs hiérarchies. A mon niveau, je ne parle plus de lettre. Aujourd’hui, je parle plutôt de terrain physique. Les lettres sont remises soit aux bénéficiaires soit à leurs hiérarchies. Donc c’est à eux maintenant de dispatcher ces lettres d’attribution. Ce qui nous reste à faire aujourd’hui, c’est de remettre le terrain physique aux bénéficiaires.
LP : Bizarre qu’on reçoive une lettre d’attribution avant de recevoir un terrain dans une zone qui n’était pas loti !
TAB : Mais bien sûr. La preuve, nous l’avons fait. Et vous l’avez vu. On a donné les lettres. Et nous allons donner maintenant les terrains. La lettre vient d’un travail de morcellement de l’espace sur des plans cartographiques. Et c’est ce plan de morcellement qu’on traduit sur le terrain. Donc, on te donne ton papier qui correspond à ça. C’est d’ailleurs ce qui est conseillé. On ne peut pas donner le terrain d’abord avant la lettre. C’est pareil pour la voiture. On te donne la carte grise d’abord. Et ensuite, on te donne la voiture.
LP : Qui a signé ces lettres d’attribution pour une si grande superficie ?
TAB : Mais c’est l’autorité compétente qui les a signées.
LP : Le sous-préfet d’Anyama ou le ministre de la Construction?
TAB : C’est l’autorité compétente en la matière. Moi, je ne peux pas signer des lettres d’attribution. Seule l’autorité compétente a le pouvoir de le faire.
LP : Mais pouvons-nous savoir au moins qui est cette autorité ?
TAB : Mais quand on te dit l’autorité compétente, c’est qu’il s’agit de la personne qui est compétente à le faire, qui l’a fait. Je ne veux pas citer de nom. C’est la personne qui est compétente à signer la lettre qui l’a faite.
LP : Pourquoi autant de mystère autour de cette autorité ?
TAB : Mais il n’y a aucun mystère. Seulement que je ne veux pas donner de nom. C’est tout. Je vous dis seulement qu’il s’agit de la personne compétente. Je ne veux pas donner de nom. Et ceux qui sont compétents se reconnaîtront lorsqu’ils liront l’interview. Et les souscripteurs ont leur lettre d’attribution qu’ils regardent la signature de la personne qui les a signées, et ils sauront qui est celui qui l’a signée.
LP : C’est vous qui nous apprenez qu’ils ont leur lettre d’attribution. Car les bénéficiaires ne savent pas qu’ils sont en possession de ces lettres d’attribution.
TAB : Si, ils le savent.
LP : Est-ce que ces lettres d’attribution sont accompagnées de dossiers techniques ?
TAB : La règle veut que les dossiers techniques viennent après. Puisque tout ceux qui ont des lettres d’attribution, comme partout ailleurs, sont amenés à conforter de prime abord, leur droit sur ces terrains acquis. Ils auront à établir des dossiers techniques. Ils vont rechercher des permis de construire. Ils auront à rechercher des arrêtés de construction provisoire. Ils auront à rechercher ce qu’on appelle des certificats de propriété foncière. Ça, c’est des éléments de consolidation de leur droit que chaque bénéficiaire est amené à réaliser. Mais, ce n’est pas à nous de le faire. Nous, on leur donne un titre de façon publique qui fait d’eux des attributaires. On leur donne physiquement leur terrain. Mais de passage, je voudrais vous dire qu’à Abidjan, sur 100 propriétaires de maison, il n y a que 6 % qui ont des titres fonciers. 16 % ont des lettres d’attribution. Le reste a des titres non réglementaires. Si vous regardez autour d’Abidjan, il n’y a que 6 % des propriétaires qui ont des papiers en règle.
LP : Et le projet avec le Fonds de prévoyance de la police nationale (FPPN) a-t-il fini par vous glisser entre les doigts ?
TAB : Non ! Nous n’avons pas de problèmes avec les policiers ni avec la structure. Je n’ai vraiment aucun problème avec le Fonds de prévoyance de la police.
LP : Et pourtant, il y a eu des éclats de voix à travers la presse. Comment expliquez-vous cela ?
TAB : Peut-être qu’il y a eu des incompréhensions à un moment donné, qui ont amené des éléments d’apparente froideur. Mais aujourd’hui, non tout est rentré en ordre. Le Commissaire Kourouma Mamadou, DG du FPPN est un de ces cadres compétents qui font leur travail consciencieusement. Je n’ai aucun problème avec lui. Franchement, je suis à l’aise. Et les 2.478 policiers qui sont dans mon projet sont là. Ils rentreront en possession de leur terrain. Il n’y a vraiment aucun problème avec eux. Enfin, ça m’étonne un peu quand vous venez me dire que les gens grognent. Personnellement, je n’en ai jamais eu écho.
LP : Mais vous n’êtes pas du commandement. C’est normal que vous ne sachiez pas que ça grogne dans les casernes.
TAB : Je viens d’arriver de Boundiali. Et on m’a applaudi au corridor de la Gesco jusque chez moi dans mon village. S’il y avait un seul qui était mécontent, il me l’aurait dit. Quand les hommes en armes ne sont pas contents, ça ne se cache pas. Ils prennent les armes.
Motus
Dédain
Les prévisions étaient pourtant formelles. Les mois de juin et de juillet seraient très pluvieux et partant, très dangereux pour les populations. Mais nos autorités ont fait semblant de ne rien entendre, tant elles sont engluées dans les pratiques du « Vuvuzela politique », avec des vacarmes assourdissants sur des questions sans importance, si elles ne mettent pas en péril l’unité nationale et les élections maintes fois annoncées, mais qui marquent le pas. Le mercredi dernier, une forte pluie s’est abattue sur Abidjan et de nombreuses villes de l’intérieur. Dans la capitale économique, le spectacle était extrêmement dramatique. Plus d’une dizaine de morts, des maisons totalement inondées, des murs effondrés, des arbres déracinés et des toitures emportées. C’est le cas de le dire. Abidjan a vécu un véritable tsunami. Et pourtant, on aurait pu éviter ces nombreuses pertes en vies humaines et en biens matériels. Depuis de nombreuses années, on répète les mêmes choses et on fait les mêmes mises en garde, sans avoir des oreilles attentives pour comprendre le message. A l’instar des villes de l’intérieur, Abidjan vit un manque frappant de caniveaux, d’égouts pour évacuer les eaux pluviales. Depuis plusieurs années, on dénonce les constructions anarchiques et tire la sonnette d’alarme sur les habitations précaires. Cela n’intéresse pratiquement personne. La refondation est plus préoccupée à se maintenir au pouvoir, à faire des affaires sur le dos de la nation, à s’enrichir au détriment du contribuable ivoirien. Quant à l’opposition, elle affiche un silence troublant devant des faits avérés de mauvaise gouvernance et de gestion opaque des biens publics. Le pauvre peuple ivoirien est abandonné à son sort. Le plan ORSEC annoncé avec grand renfort de publicité, s’il n’est pas aux orties, est certainement dans les starting- blocks. On ne s’en souvient que lorsqu’une catastrophe intervient. Comme nous aimons bien la comédie dans notre pays, les autorités accourent comme des badauds, pour verser des larmes de crocodile en signes de compassion. Comme nos dirigeants sont quelques fois cyniques, davantage devant les caméras, ils prendront l’engagement de prendre des mesures pour que cela ne se répète plus chez nous. Ils ne s’en rappelleront qu’à la prochaine tragédie. Ecœurant, tout cela !
Bakary Nimaga
Le Patriote : Pourquoi tant de bruits autour d’un projet, qui a du mal à voir le jour ?
Touré Ahmed Bouah : Je ne sais pas si le projet a effectivement du mal à voir le jour, mais je pense que ce n’est pas un projet qui ne voit pas le jour. C’est un projet que tout le monde voit tous les jours. Il n y a que la mauvaise foi de ceux qui ne veulent pas le voir qui les amènent à ne rien voir. J’ai chanté sur tous les toits que les terrains sont là-bas. Alors ceux qui veulent les voir, les verront. Et ceux qui ne le veulent pas ne le verront pas. Ceux qui n’ont pas envie de voir, ne verront pas le projet.
LP : Dans des déclarations récentes, vous avez dit dans le projet terrain-nu aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS), que le 15 Juin vous leur rendriez les terrains. Le 15 Juin est passé. Aujourd’hui, il y a des grognements dans les casernes. Qu’est ce qui cloche ?
TAB : Pour ma part, je ne sais pas si ça grogne dans les casernes ou même que les gens s’impatientent. Me concernant, je n’ai vu personne grogner. Et je n’ai aussi vu personne s’impatienter. Moi, j’ai fini le projet. Et j’avais même dit que dès le 05 Juin, les gens pouvaient rentrer en possession de leur terrain. Mais, vous savez qu’un tel projet, qui s’est étiré sur 5 ans, ne peut pas avoir une fin aussi banale. Il faut certainement donner un caractère solennel à l’évènement. Et les organisateurs de cette cérémonie seront prêts à la date qu’ils vont nous indiquer pour que nous soyons effectivement à cet évènement. Mais, en ce qui me concerne, j’ai fini ma part.
LP : Est-ce que ce projet est une arnaque ?
TAB : On sait où vont ceux qui commettent des arnaques. Je suis chez moi. Vous étiez, aujourd’hui à l’Etat-major des Armées. Vous avez approché les différentes parties. Je ne sais pas ce que c’est que l’arnaque.
LP : Un projet initialement prévu à Ebimpé qui, finalement se retrouve à Anyama-Adjamé. Ce changement de site …
TAB : Mon projet d’aménagement s’étend sur deux assiettes foncières. L’une de 12.000 hectares et l’autre de 2.450 hectares. Ces 12.000 ha et ces 2.450 ha ont à leur sein plus de 11 villages. Et que le projet pilote pouvait se développer dans chacun de ces 11 villages.
LP : Il y avait eu des contestations à Ebimpé avec les villageois. Alors que selon des sources militaires, c’est dans ce village que le projet devait initialement voir le jour.
TAB : Le projet n’était pas prévu initialement à Ebimpé. Le projet se trouve initialement dans 11 villages. C’est tout. Personne ne vous a parlé d’Ebimpé. Il y a eu des terrains à Ebimpé. Il y a eu des terrains à Anyama-Adjamé. Sur les 12.000 ha le besoin des FDS est de 772 ha. C’est vrai qu’il peut y avoir des incompréhensions au niveau d’Anyama-Adjamé. Ces mêmes 772 ha sont disponible ailleurs. Où est donc le problème?
LP : Dans ce cas, ne dites pas que le projet n’était pas initialement prévu à Ebimpé.
TAB : Mais pourquoi ne parlez-vous pas des 11 autres villages et vous vous focalisez sur Ebimpé ?
LP : Lorsque vous avez présenté le projet à la presse, c’est à Ebimpé qu’il devait être réalisé.
TAB : Il n’y a jamais eu de travaux présentés à Ebimpé. Le projet s’étend sur 11 villages. On est libre d’aller remettre le projet là où on veut. Cela pouvait être à Etingué, à Akoupé, ou à Ebimpé. Peu importe. On est libre d’aller le faire là où on veut. Pourvu que les gens aient seulement leur terrain avant la date convenue. Et cette date n’est pas encore arrivée, puisqu’il reste encore 2 ou 3 ans.
LP : Il y a eu des démissionnaires au niveau du projet. Aujourd’hui, combien de souscripteurs restent-il ?
TAB : Certes, il y a eu des démissionnaires. Il y a eu aussi des décès. Et des résiliations. Nous étions autour de 21.634 souscripteurs. En tout, il y a eu environ 234 souscripteurs qui sont partis. Ces personnes sont parties pour diverses raisons, soit par convenance personnelle, soit par décès. Mais ils sont vraiment en nombre restreint.
LP : Chaque fois que vous parlez, vous dites que vous disposez de documents administratifs. Pouvons-nous savoir de quels documents il s’agit ?
TAB : Mais, vous êtes journalistes. Vous savez de quoi il s’agit quand on parle de documents administratifs. On ne travaille pas sans documents administratifs. Si je vous dis que j’ai des documents administratifs, c’est que je les ai effectivement.
LP : Pouvons-nous savoir au moins si ce sont des assiettes foncières qui ont été approuvées par le ministère ?
TAB : Ecoutez ! Les études que nous organisons dans le projet de pôle urbain, le BNETD est la structure la mieux outillée dans toute l’Afrique de l’Ouest. Et c’est le BNETD qui réalise nos études. Sur ce point, il n’y a aucun problème.
LP : Mais, au moment où vous lanciez le projet en 2007, le BNETD n’était pas encore présent. Puisque la convention signée avec cette structure est récente.
TAB : Oui, effectivement ! Nous avons lancé le projet en 2007. Les études se réalisaient par le biais des cabinets d’architectures privés. Mais, dans le souci de mieux faire et de garantir une qualité de travail, je me suis orienté aujourd’hui, vers le BNETD qui, techniquement, offre la garantie la plus sûre. Parce que ce sont des dossiers fonciers qui sont difficiles à gérer sans un partenaire sérieux.
LP : Tantôt vous parlez, concernant le projet des FDS, de terrains nus. Vous parlez aussi de pôle urbain et d’aménagement. De quoi s’agit-il exactement ?
TAB : Je vous ai dit que Sophia a un projet d’aménagement sur une assiette foncière de 12.000 ha. L’un des volets sociaux de ce projet est le projet de fourniture de terrains nus qui est quelque chose de vraiment subsidiaire dans mon projet. J’ai mon projet. Et celui de fourniture de terrains nus est un élément subsidiaire de mon projet. Tous les Ivoiriens savent que d’un côté j’ai toujours parlé de pôle urbain. Et c’est de ce projet que je parlerai tous les jours, puisqu’il s’agit de la maîtrise de la planification foncière. Et de façon spéciale et subsidiaire, il y a le projet de fourniture de terrains nus.
LP : Donc des terrains non viabilisés?
TAB : Un terrain nu est un terrain non viabilisé. La viabilisation incombe à l’Etat. Ce n’est pas à un promoteur privé de viabiliser. Ça fait partie des missions régaliennes de l’Etat.
LP : Donc ceux qui vont acquérir leur terrain devront attendre que l’Etat vienne les viabiliser ?
TAB : Ça, c’est autre chose. Nous avons entamé avec eux, la phase de construction qui va apporter la viabilisation.
LP : Pouvons-nous savoir qui va procéder à l’aménagement lorsque vous allez entamer la phase de construction de votre projet immobilier ?
TAB : Quand nous allons entamer la phase de l’aménagement et la phase de la construction, nous allons intégrer cela dans le coût de la maison.
LP : A quand le début de l’aménagement ?
TAB : Mais le projet est déjà entamé. L’aménagement, c’est d’abord les études. Et les études sont actuellement en cours. C’est déjà entamé.
LP : Au juste, qu’est-ce que vous entendez par aménagement ?
TAB : L’aménagement, c‘est la maîtrise d’un espace donné. La viabilisation, l’amené d’eau, l’amené de courant. En somme, tout ce dont vous pouvez penser qui contribue à garantir la qualité de vie du potentiel habitat. Pas ce que vous avez l’habitude de voir ici où les gens ont construit des bidonvilles de luxe.
LP : Pour les études topographiques vous avez remis la somme de 100 millions FCFA à l’Agence foncière (AGEF). Pouvons-nous savoir combien vous avez remis au BNETD ?
TAB : Non. Je ne parle pas d’argent. Je souhaiterais que nous restions dans le cadre du projet de fourniture de terrain où il n y a rien à cacher. Où je demande à tout le monde de se rendre sur le site. Et pourquoi ne pas voir aussi le chef de village dans ce cadre ?
LP : Vous parlez d’un projet sur 25 ans. N’est-ce pas un rêve fou?
TAB : Mais Emmanuel Kant a dit que tout ce qui vient du rêve est grand. C’est le rêve qu’il faut toujours transformer en réalité. Mais quand tu n’as pas de rêve, tu cesses d’être un homme. Vous savez, Paris ne s’est pas construit en un seul jour. Nous avons fait une planification. Les experts les plus outillés parlent de 25 ans. Si vous estimez à votre niveau qu’il s’agit d’un rêve fou, je vous le concède. Mais, nous avons une approche purement scientifique et technique de la question. On parle de planification urbaine et d’aménagement. Mon projet n’est pas un projet de promotion immobilière. Je ne parle pas de construction ni de promotion immobilière. Je parle d’aménagement.
LP : Revenons à notre préoccupation. Vous avez parlé de la remise de terrains nus très bientôt. Mais cette cérémonie va consister en quoi ? Auront-ils des terrains-nus, des plans techniques ou des lettres d’attribution ?
TAB : Cette cérémonie va consister à prendre possession du terrain physique. Puisque nous avons déjà remis les lettres d’attribution. Toutes les lettres d’attribution sont déjà disponibles.
LP : Vous les avez remis à qui ?
TAB : Nous les avons remis aux souscripteurs, en Mars 2007, à l’Etat Major des Armées.
LP : Mais à ce sujet, n’était-ce pas seulement une remise symbolique?
TAB : Non ! Il s’agit-là de votre point de vue. Nous avons effectivement remis des lettres d’attribution aux souscripteurs.
LP : Pouvons-nous connaître de nombre de lettres d’attribution que vous avez remis à cette cérémonie?
TAB : Mais combien étaient-ils ? Nous avons remis les lettres à tous les souscripteurs ou à leurs hiérarchies. A mon niveau, je ne parle plus de lettre. Aujourd’hui, je parle plutôt de terrain physique. Les lettres sont remises soit aux bénéficiaires soit à leurs hiérarchies. Donc c’est à eux maintenant de dispatcher ces lettres d’attribution. Ce qui nous reste à faire aujourd’hui, c’est de remettre le terrain physique aux bénéficiaires.
LP : Bizarre qu’on reçoive une lettre d’attribution avant de recevoir un terrain dans une zone qui n’était pas loti !
TAB : Mais bien sûr. La preuve, nous l’avons fait. Et vous l’avez vu. On a donné les lettres. Et nous allons donner maintenant les terrains. La lettre vient d’un travail de morcellement de l’espace sur des plans cartographiques. Et c’est ce plan de morcellement qu’on traduit sur le terrain. Donc, on te donne ton papier qui correspond à ça. C’est d’ailleurs ce qui est conseillé. On ne peut pas donner le terrain d’abord avant la lettre. C’est pareil pour la voiture. On te donne la carte grise d’abord. Et ensuite, on te donne la voiture.
LP : Qui a signé ces lettres d’attribution pour une si grande superficie ?
TAB : Mais c’est l’autorité compétente qui les a signées.
LP : Le sous-préfet d’Anyama ou le ministre de la Construction?
TAB : C’est l’autorité compétente en la matière. Moi, je ne peux pas signer des lettres d’attribution. Seule l’autorité compétente a le pouvoir de le faire.
LP : Mais pouvons-nous savoir au moins qui est cette autorité ?
TAB : Mais quand on te dit l’autorité compétente, c’est qu’il s’agit de la personne qui est compétente à le faire, qui l’a fait. Je ne veux pas citer de nom. C’est la personne qui est compétente à signer la lettre qui l’a faite.
LP : Pourquoi autant de mystère autour de cette autorité ?
TAB : Mais il n’y a aucun mystère. Seulement que je ne veux pas donner de nom. C’est tout. Je vous dis seulement qu’il s’agit de la personne compétente. Je ne veux pas donner de nom. Et ceux qui sont compétents se reconnaîtront lorsqu’ils liront l’interview. Et les souscripteurs ont leur lettre d’attribution qu’ils regardent la signature de la personne qui les a signées, et ils sauront qui est celui qui l’a signée.
LP : C’est vous qui nous apprenez qu’ils ont leur lettre d’attribution. Car les bénéficiaires ne savent pas qu’ils sont en possession de ces lettres d’attribution.
TAB : Si, ils le savent.
LP : Est-ce que ces lettres d’attribution sont accompagnées de dossiers techniques ?
TAB : La règle veut que les dossiers techniques viennent après. Puisque tout ceux qui ont des lettres d’attribution, comme partout ailleurs, sont amenés à conforter de prime abord, leur droit sur ces terrains acquis. Ils auront à établir des dossiers techniques. Ils vont rechercher des permis de construire. Ils auront à rechercher des arrêtés de construction provisoire. Ils auront à rechercher ce qu’on appelle des certificats de propriété foncière. Ça, c’est des éléments de consolidation de leur droit que chaque bénéficiaire est amené à réaliser. Mais, ce n’est pas à nous de le faire. Nous, on leur donne un titre de façon publique qui fait d’eux des attributaires. On leur donne physiquement leur terrain. Mais de passage, je voudrais vous dire qu’à Abidjan, sur 100 propriétaires de maison, il n y a que 6 % qui ont des titres fonciers. 16 % ont des lettres d’attribution. Le reste a des titres non réglementaires. Si vous regardez autour d’Abidjan, il n’y a que 6 % des propriétaires qui ont des papiers en règle.
LP : Et le projet avec le Fonds de prévoyance de la police nationale (FPPN) a-t-il fini par vous glisser entre les doigts ?
TAB : Non ! Nous n’avons pas de problèmes avec les policiers ni avec la structure. Je n’ai vraiment aucun problème avec le Fonds de prévoyance de la police.
LP : Et pourtant, il y a eu des éclats de voix à travers la presse. Comment expliquez-vous cela ?
TAB : Peut-être qu’il y a eu des incompréhensions à un moment donné, qui ont amené des éléments d’apparente froideur. Mais aujourd’hui, non tout est rentré en ordre. Le Commissaire Kourouma Mamadou, DG du FPPN est un de ces cadres compétents qui font leur travail consciencieusement. Je n’ai aucun problème avec lui. Franchement, je suis à l’aise. Et les 2.478 policiers qui sont dans mon projet sont là. Ils rentreront en possession de leur terrain. Il n’y a vraiment aucun problème avec eux. Enfin, ça m’étonne un peu quand vous venez me dire que les gens grognent. Personnellement, je n’en ai jamais eu écho.
LP : Mais vous n’êtes pas du commandement. C’est normal que vous ne sachiez pas que ça grogne dans les casernes.
TAB : Je viens d’arriver de Boundiali. Et on m’a applaudi au corridor de la Gesco jusque chez moi dans mon village. S’il y avait un seul qui était mécontent, il me l’aurait dit. Quand les hommes en armes ne sont pas contents, ça ne se cache pas. Ils prennent les armes.
Motus
Dédain
Les prévisions étaient pourtant formelles. Les mois de juin et de juillet seraient très pluvieux et partant, très dangereux pour les populations. Mais nos autorités ont fait semblant de ne rien entendre, tant elles sont engluées dans les pratiques du « Vuvuzela politique », avec des vacarmes assourdissants sur des questions sans importance, si elles ne mettent pas en péril l’unité nationale et les élections maintes fois annoncées, mais qui marquent le pas. Le mercredi dernier, une forte pluie s’est abattue sur Abidjan et de nombreuses villes de l’intérieur. Dans la capitale économique, le spectacle était extrêmement dramatique. Plus d’une dizaine de morts, des maisons totalement inondées, des murs effondrés, des arbres déracinés et des toitures emportées. C’est le cas de le dire. Abidjan a vécu un véritable tsunami. Et pourtant, on aurait pu éviter ces nombreuses pertes en vies humaines et en biens matériels. Depuis de nombreuses années, on répète les mêmes choses et on fait les mêmes mises en garde, sans avoir des oreilles attentives pour comprendre le message. A l’instar des villes de l’intérieur, Abidjan vit un manque frappant de caniveaux, d’égouts pour évacuer les eaux pluviales. Depuis plusieurs années, on dénonce les constructions anarchiques et tire la sonnette d’alarme sur les habitations précaires. Cela n’intéresse pratiquement personne. La refondation est plus préoccupée à se maintenir au pouvoir, à faire des affaires sur le dos de la nation, à s’enrichir au détriment du contribuable ivoirien. Quant à l’opposition, elle affiche un silence troublant devant des faits avérés de mauvaise gouvernance et de gestion opaque des biens publics. Le pauvre peuple ivoirien est abandonné à son sort. Le plan ORSEC annoncé avec grand renfort de publicité, s’il n’est pas aux orties, est certainement dans les starting- blocks. On ne s’en souvient que lorsqu’une catastrophe intervient. Comme nous aimons bien la comédie dans notre pays, les autorités accourent comme des badauds, pour verser des larmes de crocodile en signes de compassion. Comme nos dirigeants sont quelques fois cyniques, davantage devant les caméras, ils prendront l’engagement de prendre des mesures pour que cela ne se répète plus chez nous. Ils ne s’en rappelleront qu’à la prochaine tragédie. Ecœurant, tout cela !
Bakary Nimaga