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Politique Publié le lundi 28 juin 2010 | Nord-Sud

Attentat du 29 juin 2007 contre le Premier ministre/ Fodjo Kadjo Abo, procureur général : “Les possibilités d`aboutir à la vérité existent”

© Nord-Sud Par Prisca
Consultations sur la date de l`élection présidentielle: Guillaume Soro a rencontré le Président Henri Konan Bédié
Lundi 7 juin 2010. Abidjan. Résidence du président du PDCI-RDA, le Premier ministre Guillaume Soro a un tête-à-tête avec le Président Henri Konan Bédié
Avant de se prononcer sur le dossier sensible de l'enquête, dont les Ivoiriens étaient sans nouvelles, le procureur général près le Tribunal de première instance de Bouaké, Fodjo Kadjo Abo dit avoir requis l'avis de sa hiérarchie. Parcourons avec lui les péripéties des investigations qui durent depuis trois ans. Les limiers, à ses dires, sont tout près du but.

C'est en sa qualité de procureur général près le tribunal de première instance de Bouaké que Fodjo Kadjo Abo, qui a bien voulu se prêter à nos questions, hier, a ouvert l'information au lendemain de l'attentat. Les circonstances dans lesquelles les évènements ont survenu sont telles qu'il ne faut pas s'attendre à des résultats dans l'immédiat, prévient-il. Lui, est optimiste : « nous nourrissons l'espoir de pouvoir aboutir ». Dans l'affaire de l'attentat manqué contre le Fokker 100, le 29 juin 2007, un juge d'instruction a été saisi, il poursuit ses investigations, fait-il dire. « Quelque chose est en train de se faire mais comme on n'en parle pas dans la presse, les gens ont le sentiment que c'est une affaire qui a été enterrée. Sinon, beaucoup de choses ont été faites. Au lendemain même de l'attentat, je m'étais rendu à Bouaké en compagnie du juge d'instruction - Niamké Joseph - et du substitut résident de Toumodi, chargés de l'enquête », rappelle M. Fodjo. Ainsi, ils ont reconstitué la scène à l'aéroport, où ils ont aussi fait des prélèvements d'indices dans et autour de l'épave. Les éléments recueillis, à ses dires, sont des débris d'armes. Un expert ivoirien en balistique, dont il tient secret le nom, a été spécialement commis à la tâche. « Mais par précaution, relève-t-il, le juge d'instruction a recommandé une contre-expertise ». La reconstitution consiste à faire une mise en scène. « Il était question de savoir où l'avion a atterri, quel était son sens de marche et à quel moment les choses se sont passées », note-t-il. Selon lui, cette procédure habilite l'enquêteur à savoir ce qui s'est passé. L'étape qui a suivi, poursuit le Magistrat, a été l'audition des témoins tant à Bouaké qu'à Abidjan. Les passagers rescapés, les militaires, les habitants des villages et hameaux environnants ont été entendus. L'on se souvient que le président de la République, le Premier ministre, et des militaires, le commandant Issiaka Ouattara, disaient connaître les agresseurs. Ont-ils été entendus ? La réponse du Magistrat : « évidemment…un certain nombre de personnes ont été entendues ». Cependant, des soupçons convergent-il vers un individu, une force armée, un groupe de soldats ? M. Kadjo préfère qu'on n'aille pas vite en besogne.

Alors que s'est-il vraiment passé ?

« L'avion du Premier ministre avait atterri et au moment d'amorcer le virage pour s'immobiliser des coups de feu ont été tirs en direction de l'appareil. Des balles ont touché des passagers. Mais le Fokker a quand-même réussi à s'immobiliser », relate le Magistrat. Lequel mentionne que cette description a permis de savoir d'où sont partis les tirs. « Les balles sont venues de la droite, des broussailles ». Mais quels types d'armes ont-elles ouvert le feu sur l'oiseau de fer ? Motus bouche cousue : « Nous sommes tenus, justifie-t-il son silence, au secret de l'instruction. Déjà les éléments recueillis, lorsqu'ils sont révélés, peuvent être exploités pour brouiller les pistes ». Toutefois, quelle a pu être la motivation des individus qui ont failli faire exploser le bolide 100. Répondant à cette question, le Magistrat se réfère au redéploiement, à l'époque, de l'administration judiciaire. « Seuls ceux qui ont perpétré l'attentat peuvent dire pourquoi ils ont tiré. L'attentat a été perpétré à l'occasion de l'installation des magistrats de la Cour d'appel et ceux du tribunal de première instance de Bouaké, et Korhogo dont des sections relèvent de la Cour d'Appel de Bouaké. Cela devait se passer juste avant les audiences foraines. Alors, quel est l'objectif qui était visé ? Plusieurs hypothèses sont possibles. Est-ce que c'est le Premier ministre qu'on visait ? Est-ce qu'on a voulu à travers cet acte-là, empêcher l'installation des magistrats qui devait précéder la tenue des audiences foraines ? On n'a aucune certitude ! Mais c'est possible que ce soit le Premier ministre qui ait été visé. C'est aussi possible que ce soit un acte de sabotage », a-t-il déclaré.

Le témoignage, la clé de l'enquête

Actuellement, les chances de mettre la main sur les auteurs du coup sont-elles réelles ? Optimiste, Fodjo Kadio répond : « Un magistrat ne doit jamais être désespéré. ll y a des infractions qui ont été commises pour lesquelles on avait très peu d'indices. Mais au bout de quelques mois ou de quelques années, on a pu mettre la main sur les auteurs. Nous ne sommes pas désespérés et nous savons que les possibilités d'aboutir à la vérité existent ». Il ne fait pas mystère de l'éventualité selon laquelle il y aurait eu des infiltrés à bord. Le Grand juge affirme, hypothétique : « C'est fort possible ! ». Et, il se réserve : « ce serait quand même suicidaire, parce que si le pilote n'avait pas été courageux l'avion aurait pris feu ; parce que les tireurs avaient visé les réacteurs et le réservoir. S'il a pu avoir un complice à bord, ce serait un kamikaze ». Voilà trois ans que durent les recherches, toute chose qui peut laisser penser que leurs efforts ont buté à certains niveaux, faute de moyens techniques, logistiques ou financiers. La suite qu'accorde M. Fodjo à cette préoccupation est sans ambages : « Nous avons les moyens, lorsqu'un acte a été perpétré dont les auteurs n'ont pas été appréhendés sur le champ, ce n'est pas toujours facile. Des moyens pour expertiser les débris existent. Pareil pour les moyens humains et matériels. Mais le tout n'est pas d'avoir des moyens. Vous pouvez avoir une certitude pour cerner l'affaire, mais vous ne pouvez pas avancer tant que ceux qui y en savent long sur ce crime ne dénoncent pas les auteurs. Et c'est cela la véritable difficulté. Vous savez que même pour les petites infractions, les langues se délient difficilement ». Faut-il alors en déduire que la réticence de témoins potentiels bloque l'enquête ? Il esquive à nouveau : « nous n'avons pas vu des personnes réticentes. Mais il y a de personnes que nous ne connaissons pas, qui pourraient nous dire exactement ce qui s'est passé pour avoir eu connaissance de certaines choses. C'est un problème en Afrique où les témoins sont souvent réticents parce qu'ils ont peur des représailles. Et ces témoins-là peuvent exister». La réalité de l'infraction établie, doit logiquement aboutir à l'identification et à l'interpellation des auteurs de l'attentat. C'est à ce stade que se trouve la procédure, a-t-il rassuré. « Qui a perpétré l'attentat, et éventuellement, est-ce qu'il y a eu un commanditaire ? Voilà l'objectif que nous voulons atteindre. Nous espérons que les éléments que nous avons, nous y aiderons. Mais, s'il y a des témoins qui n'ont pas été encore entendus, leur coopération nous aiderait ».

Bidi Ignace
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