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Editorial Publié le lundi 26 juillet 2010 | L’expression

L’Editorial - Samba Diarra, l’un des derniers grands…

Les convictions, les vraies ne meurent pas. Elles peuvent changer de forme dans leurs manifestations, restées enfouies sous la menace des contraintes de l’environnement. Mais chaque fois qu’elles sortent la tête, elles demeurent aussi pures que le diamant et aussi inoxydable que l’or. Cette maxime peut être appliquée à l’un des derniers grands de la scène publique et intellectuelle ivoirienne, le professeur samba Diarra, rappelé à Dieu dans la nuit du samedi au dimanche dernier. Avec ses compagnons de l’école primaire supérieure de Bingerville, en particulier Memel Fothê, ils ont constitué l’une des branches des jeunes loups aux visions diamétralement opposées à celles du leader politique de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny. Pour samba Diarra, l’Afrique n’avait rien à gagner dans la balkanisation. Il ne voulait pas non plus d’un pouvoir personnel et par-dessus tout, abhorrait l’absence de liberté et les sentiers de la corruption. Des tares congénitales aux partis uniques dont les pères des indépendances de l’Afrique ont fait leur qualité première. C’est tout naturellement que l’homme s’oppose à Félix Houphouët-Boigny. La Côte d’Ivoire qui pose ses premiers pas sur la scène internationale en tant qu’Etat souverain a besoin de cadres et de bras. Les places sont disponibles. Et être un proche dans la famille de celui qui décide est un atout supplémentaire pour se hisser rapidement au sommet, aux postes les plus juteux. Mais les certitudes qu’il porte et les valeurs qui sont les siennes ne permettent pas à Samba Diarra d’entrer dans le système de son oncle. Le brillant professeur de Médecine, celui dont la chaire de gynécologie au Chu de Treichville demeurera des années durant vide, les successeurs par respect n’osent pas s’asseoir sur le fauteuil du maître, reste une conscience libre. Un homme de principe. Il paiera cette audace au prix fort. L’auteur de « Les faux complots de Houphouët Boigny, fracture dans le destin d’une nation » sera jeté comme d’autres jeunes cadres et intellectuels dans les geôles du pouvoir. Il connaîtra le bagne de la prison d’Assabou. Des années dans le Goulag ivoirien, en compagnie de son frère Seydou Elimane Diarra, Biaka Boda, Kodiara koné… d’où il ressortira avec des brisures dans le corps mais l’esprit encore plus alerte et les principes toujours en place, et plus forts. La fougue du bambara, empruntera dans l’approche quelques subtilités de l’Akan. Homme de double culture, Samba Diarra qui allie les vertus malinkés (par son père) et les civilités Akan (par sa mère), reste un humaniste convaincu. Il nouera des rapports affectifs avec son oncle Houphouët. Mais ne se départira jamais de sa vision. Son combat pour les libertés, il le mènera sans complaisance. Son attachement à la personne du chef de l’Etat ne l’empêchera pas en effet d’œuvrer pour ce qu’il croit fondamental pour le pays : le multipartisme et la démocratie. Personne ne sera surpris que Samba Diarra soit assidument fréquenté par Laurent et Simone Gbagbo. Il ouvrira des portes importantes pour le financement et le rayonnement du Fpi alors dans l’opposition et dans l’inimitié du Vieux chef au pouvoir. Mais une fois aux affaires, le parti de Gbagbo se renie et devient plus brutal et plus liberticide que l’ancien parti unique. Le vieux lion bambara prend ses distances et rugit contre les dérives du nouveau système. Il condamne à haute voix les tueries, les purges et l’impunité, érigées en mode de gouvernement. Même les escadrons de la mort, mis en route avec pour mission de faire taire les voix indomptables, ne le feront reculer. Samba Diarra a milité pour la citoyenneté, la liberté et l’égalité entre tous les fils de la nation ivoirienne. Ce qui comptait pour lui, c’est le travail et le mérite. A cet effet, il s’est dressé contre toutes les entorses à l’unité nationale. Par la parole et par l’écrit. L’ivoirité, l’un des missiles les plus dangereux contre la cohésion nationale, a buté sur sa résistance intellectuelle et morale. Samba Diarra est resté fidèle à ses combats. Un ami des justes. Dans cette Côte d’Ivoire où la descente aux enfers n’a épargné aucun secteur, les repères intellectuels, spirituels et moraux sont devenus une denrée très rare. Avec quelques uns, le professeur Diarra laissait la route ouverte à l’espoir malgré tout. Il s’est définitivement couché, le Vieux lion ; gardant en main jusqu’au dernier souffle le glaive ardent contre l’injustice et la médiocrité. Honneur à l’un des derniers grands du pays. Honneur à Samba Diarra !
D. Al Seni
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