C’est aujourd’hui que le monde saura si le pouvoir judiciaire en a fini avec le contre-pouvoir journalistique en Côte d’Ivoire. C’est aujourd’hui que l’on saura si les responsables de notre quotidien, de votre quotidien, seront emprisonnés pour avoir donné des informations vraies, et vérifiées à leurs lecteurs.
Mais au-delà de l’enjeu du jour, du sort de nos confrères et de la légitime solidarité qui nous lient à eux, il nous semble salutaire de nous interroger sur le rôle que doit jouer le journaliste dans la société ivoirienne d’aujourd’hui. Au-delà des grandes proclamations sur la démocratie et la liberté d’expression, qu’attend l’élite politique de notre corporation, qu’on appelle souvent le ‘’quatrième pouvoir’’ sans penser à toute la charge que cette pression charrie ? A l’orée de nos indépendances, le journaliste a été le chantre inspiré des luttes pour l’émancipation politique. C’est en campant avec brio ce rôle que Bernard Belin Dadié, animateur périodique du rassemblement démocratique africain (Rda) a été emprisonné, ce qui lui a donné l’occasion de rédiger des carnets de prison qui ne sont malheureusement pas disponibles dans nos librairies et bibliothèques aujourd’hui. Un peu plus tard, les politiques ont assigné aux journalistes le rôle d’accompagnateur zélé du parti unique, chargé d’expliquer au bon peuple les bons projets de leurs bons dirigeants pour leur beau pays. C’était le temps du «journalisme de développement», incarné sous nos cieux par des doyens brillants comme Laurent Dona Fologo et Auguste Miremont.
Après le passage du vent de l’Est et du printemps démocratique, la presse a été omise à la promotion des nouveaux leaders et de leurs idéaux, forcement nobles. Elle a été à la pointe des combats pour les libertés et la fin du monopole politique. Et c’est bien par reconnaissance que le législateur ivoirien, sous la deuxième République, l’a protégée des coups qui ont été assénés par le passé, en dépénalisant les délits de presse.
Aujourd’hui, le multipartisme est un acquis difficile à remettre en cause. La liberté de critiquer, même de manière véhémente, se vit au quotidien, même si les reproches des plus virulents éveillent toujours des reflexes de restauration autoritaire.
Hélas, le multipartisme n’a pas tout reglé. Les combats d’aujourd’hui sont tout aussi délicats que ceux d’hier. Il s’agit de la bonne gouvernance, de la transparence éthique, du nécessaire contrôle citoyen de l’action des politiques. A ce stade de son évolution, et pour mériter de la patrie, le journaliste doit se faire investigateur. Il doit explorer des confins cachés de la République, débusquer les mensonges et les nœuds secrets qui conspirent dans le sens de notre appauvrissement collectif. Le journaliste doit mériter des plus humbles, de ceux que la bonne société oublie. Rappeler à tous leurs droits, leurs souffrances, leurs espérances. A cet instant de son histoire, le journalisme ivoirien doit se séparer des politiques et de leur agenda. Cela ne signifie pas, loin de là, que nous devons être de purs esprits, de nous éloigner de toute forme d’engagement, devenir incolores, inodores et sans saveur. Mais, nous devons être conscients que nos intérêts peuvent se dissocier violemment de ceux des politiques, y compris ceux que nous apprécions.
Il n’est plus forcément question de tester la frilosité des pouvoirs face aux audaces langagières du type ‘’ a fa kaya’’. Mais d’élargir les champs de la transparence publique. Une transparence sans laquelle la démocratie électorale pourrait bien ne se résumer qu’à un exercice formel faisant appel à des pressions les plus inavouables à la rédaction.
Mais au-delà de l’enjeu du jour, du sort de nos confrères et de la légitime solidarité qui nous lient à eux, il nous semble salutaire de nous interroger sur le rôle que doit jouer le journaliste dans la société ivoirienne d’aujourd’hui. Au-delà des grandes proclamations sur la démocratie et la liberté d’expression, qu’attend l’élite politique de notre corporation, qu’on appelle souvent le ‘’quatrième pouvoir’’ sans penser à toute la charge que cette pression charrie ? A l’orée de nos indépendances, le journaliste a été le chantre inspiré des luttes pour l’émancipation politique. C’est en campant avec brio ce rôle que Bernard Belin Dadié, animateur périodique du rassemblement démocratique africain (Rda) a été emprisonné, ce qui lui a donné l’occasion de rédiger des carnets de prison qui ne sont malheureusement pas disponibles dans nos librairies et bibliothèques aujourd’hui. Un peu plus tard, les politiques ont assigné aux journalistes le rôle d’accompagnateur zélé du parti unique, chargé d’expliquer au bon peuple les bons projets de leurs bons dirigeants pour leur beau pays. C’était le temps du «journalisme de développement», incarné sous nos cieux par des doyens brillants comme Laurent Dona Fologo et Auguste Miremont.
Après le passage du vent de l’Est et du printemps démocratique, la presse a été omise à la promotion des nouveaux leaders et de leurs idéaux, forcement nobles. Elle a été à la pointe des combats pour les libertés et la fin du monopole politique. Et c’est bien par reconnaissance que le législateur ivoirien, sous la deuxième République, l’a protégée des coups qui ont été assénés par le passé, en dépénalisant les délits de presse.
Aujourd’hui, le multipartisme est un acquis difficile à remettre en cause. La liberté de critiquer, même de manière véhémente, se vit au quotidien, même si les reproches des plus virulents éveillent toujours des reflexes de restauration autoritaire.
Hélas, le multipartisme n’a pas tout reglé. Les combats d’aujourd’hui sont tout aussi délicats que ceux d’hier. Il s’agit de la bonne gouvernance, de la transparence éthique, du nécessaire contrôle citoyen de l’action des politiques. A ce stade de son évolution, et pour mériter de la patrie, le journaliste doit se faire investigateur. Il doit explorer des confins cachés de la République, débusquer les mensonges et les nœuds secrets qui conspirent dans le sens de notre appauvrissement collectif. Le journaliste doit mériter des plus humbles, de ceux que la bonne société oublie. Rappeler à tous leurs droits, leurs souffrances, leurs espérances. A cet instant de son histoire, le journalisme ivoirien doit se séparer des politiques et de leur agenda. Cela ne signifie pas, loin de là, que nous devons être de purs esprits, de nous éloigner de toute forme d’engagement, devenir incolores, inodores et sans saveur. Mais, nous devons être conscients que nos intérêts peuvent se dissocier violemment de ceux des politiques, y compris ceux que nous apprécions.
Il n’est plus forcément question de tester la frilosité des pouvoirs face aux audaces langagières du type ‘’ a fa kaya’’. Mais d’élargir les champs de la transparence publique. Une transparence sans laquelle la démocratie électorale pourrait bien ne se résumer qu’à un exercice formel faisant appel à des pressions les plus inavouables à la rédaction.