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Editorial Publié le lundi 9 août 2010 | L’expression

L’Editorial - Sur la route du 31 octobre

Elle est là, la date du premier tourdes élections présidentielles. Ce sera le 31 octobre prochain. Ainsi en a décidé le conseil des ministres en sa réunion du cinq aout 2010. Les ivoiriens peuvent donc courir sortir le champagne pour les uns, le « Gnanmakoudji » pour les autres et faire la fête. Oui, la fête n’est pas de trop ! En ces célébrations du cinquantenaire de l’indépendance, le pays montre aux yeux de l’humanité qu’il est en mesure de fixer une date de l’élection présidentielle. La prouesse, c’en est une, n’était pas gagnée d’avance. Il a fallu vaincre des réticences énormes, satisfaire des données, dont les moins importantes n’étaient pas du domaine de l’irrationnel pour arriver à ce pas. Le collège électoral sait désormais quand il ira exercer son droit souverain. N’est-ce pas un motif de satisfaction ?
Les enjeux des élections à venir sont d’une importance particulière pour la Côte d’Ivoire. Le pays, faut-il le rappeler, a cessé de fonctionner, au vrai sens du terme depuis au moins dix ans. Les entreprises, celles qui résistent broient du noir. Beaucoup ont préféré délocaliser des pans entiers des activités, sinon la totalité vers les pays de la sous- région du fait des tensions et de l’instabilité. Le chômage frôle les sommets. Plus de quatre millions, selon le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Jean Louis Billon. Au niveau du capital physique, la Côte d’Ivoire a beaucoup à faire pour restaurer l’existant. Le réseau routier, l’un des plus denses et les mieux entretenus de l’Afrique de l’ouest, est aujourd’hui dans un état désastreux. Idem pour les infrastructures sanitaires, scolaires et universitaires. Même si la guerre n’a pas eu les ravages que l’on a connus dans certains pays, de la sous région, Sierra Léone et Libéria, l’impact de la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire a été considérable en termes de dégradation des infrastructures. Selon un économiste du FMI, les ressources sur les cinq prochaines années suffiront à peine à mettre à niveau et rendre opérationnelles les infrastructures en place. C’est dire que les attentes en matière de financement et de relance de l’activité économique sont colossales. Le pays malgré ses nombreuses potentialités a donc besoin d’un pouvoir légitime, et d’un environnement sûr, à même de fouetter la confiance des bailleurs de fonds, des investisseurs étrangers et nationaux. Les élections libres, honnêtes, transparentes et ouvertes, constituent donc le passage obligé vers la résurrection de la Côte d’ivoire sur tous les plans. La fixation de la date de la présidentielle est significative de ce point de vue. Le pays passe en effet de la logique de « si il n’ ya pas d’élections ça fait quoi ? » à une position plus raisonnable : « il faut des élections ». Et le top départ effectif semble donné. Mais, il faut le dire tout net, des élections le 31 octobre 2010, ce n’est pas une affaire déjà dans la poche. Bien au contraire ! Le plus dur s’annonce pour y arriver. Les sempiternelles questions militaires demeurent. L’encasernement des forces de l’ex-rébellion entamé le 15 juin dernier bute sur le problème de financement. Or, selon l’accord politique de Ouagadougou, socle du processus en cours, cet aspect doit être achevé deux mois avant les élections. Dans cette Côte d’Ivoire où les espoirs de sortie de crise n’ont d’équivalents que les retournements de situations spectaculaires, et les reniements brutaux, de telles lucarnes laissent la porte ouverte aux faucons. Et aux nombreux profiteurs de la situation de ni paix ni guerre. La liste électorale reste également un élément fortement confligène. En jouant de tact et de patience entre le camp du chef de l’Etat et celui de l’opposition, le Premier ministre est parvenu à la publication de la liste électorale provisoire par la Commission électorale indépendante. Il a conduit par ailleurs jusqu’à sa fin la délicate question de la vérification manuelle des registres d’Etat civil de plus de huit cent mille pétitionnaires exigée par le camp du chef de l’état. Reste que pour obtenir la liste définitive, le contentieux ouvert, et qui avance vers les saisines des tribunaux est une zone de fortes turbulences. Ces derniers jours, les demandes en radiation massives se sont démultipliées. Les partisans de Laurent Gbagbo, fort du soutien de nombreux « camarades juges » en poste dans les tribunaux, n’ont pas encore renoncé à leur volonté de sortir des centaines de milliers de personnes des listes, et par voie de conséquence de la citoyenneté ivoirienne. Une mine qui peut tout faire voler en éclats à tout moment. En février 2010, autre rappel, une tentative similaire avait plongé le pays quasiment dans le chao. La fin du contentieux dans les délais, et dans une atmosphère sereine, sera un indicateur sérieux sur la possibilité d’avoir des élections à la date indiquée. Les ivoiriens veulent ces élections. Il leur faudra encore beaucoup de vigilance et d’engagement pour les obtenir.
D. Al Seni
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