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Société Publié le vendredi 12 novembre 2010 | Nord-Sud

Hôtels : Ces clients qui volent…

Beaucoup ont été confrontés à ce problème moral : être tenté d’emporter avec soi la belle serviette blanche ou le joli peigne de la chambre d’hôtel dans laquelle on vient de passer quelque bon instant. Certains n’y résistent pas. Notre enquête

A l’hôtel «Ahifin», au Plateau-Dokui, un couple est arrivé la nuit, un jour pour louer une chambre. Après la passe, le gérant de l’hôtel, peut-être captivé par les rondeurs enchanteresses de la partenaire, est resté à fixer cette dernière. Et s’aperçoit qu’en-dessous du pagne qu’elle a attaché, pend le bout d’une serviette blanche. Il l’interpelle et qu’est-ce qu’il découvre ? Elle a volé une des serviettes de la chambre qu’elle a attachée comme un pagne avant de mettre son pagne. Le conjoint qui ignorait tout de la supercherie de sa partenaire, est resté coi. Le gérant a récupéré sa serviette. Ce jour-là, se souvient-il, le sort a voulu que la serviette ne soit pas volée. Et Dieu a fait en sorte qu’il porte les yeux longtemps sur la femme et voie le bout de l’étoffe volé.

Le sort des voleurs

«Dans cet hôtel, il n’y a presque plus de serviette dans les chambres, à cause des vols », explique M. Ouattara, l’actuel gérant. La gamme des techniques de vol les empêche d’être préventifs. Certains fourrent les serviettes dans leurs sacs, d’autres, comme cette femme, ont leurs techniques bien subtiles à eux. Ce jour-là, si le bout de la serviette ne l’avait pas trahie, elle serait partie avec. « Les serviettes ne sont pas seulement leur cible. Il y a les télécommandes et les sandales qu’ils utilisent pour aller dans la douche», explique M. Ouattara. A l’hôtel « Toit-rouge », à Abobo-avocatier, le phénomène est récurrent. Des serviettes aux savons en passant par les nu-pieds, tout disparaît après le passage de certains clients. « Il faut continuellement les renouveler. Certains partent même avec les rouleaux de papier hygiénique», explique Abdoulaye, dit Ablo, un des gérants de l’hôtel.

Le phénomène est fréquent dans les communes telles qu’Abobo, Yopougon ou Adjamé. Il n’est cependant pas impraticable à Cocody. L’hôtel le Calao, un des plus imposants d’Angré, a connu ça. M. Bamba, le gérant, note que c’est tout de même rare. Ce sont généralement les vols de serviettes. «Pour ce qui est des savons, des papiers hygiéniques, nous pensons que ce ne sont pas des cas de vol. Le client a le droit de s’en aller avec, puisque nous ne les réutilisons pas, une fois qu’ils ont servi», indique-t-il. Paradoxe avec les règles dans plusieurs hôtels d’Abobo où cela peut être considéré comme un vol. L’hôtel «le Syrius», aux-II-Plateaux-Mobile, enregistre rarement ce genre de cas. Le gérant, Théodore, pense que ces vols sont fonction des communes et de la mentalité des personnes qui viennent dans l’hôtel. «Ici, ce sont les clients qui oublient le plus souvent leurs affaires dans les chambres», explique-t-il. Mais, il connaît beaucoup de gérants d’hôtels qui se plaignent de cas de vols. Le gérant d’un grand hôtel du Plateau qui préfère garder l’anonymat, explique que le phénomène s’étend jusqu’aux hôtels cinq étoiles. Le plus souvent, dans ce type d’hôtel, les clients transportent plusieurs affaires dans lesquelles on peut facilement dissimuler même un drap. « Mais ce sont très souvent les mêmes personnes qui commettent ce type de vols : les voyageurs africains. C’est juste une question de mentalité », ajoute-t-il. Le problème, c’est qu’il est difficile de prendre quelqu’un sur les faits. « On ne peut pas fouiller les affaires du client lorsqu’il libère la chambre. Ce n’est pas bon pour l’image de l’hôtel», note-t-il. M. Bamba est du même avis. «Si vous le fouillez, il vaut mieux que vous trouviez ce que vous cherchez dans ses affaires», explique-t-il. Et ce n’est pas facile, selon lui, de vérifier la chambre dès que le client la libère. Cependant, il arrive de prendre des clients en flagrants délits, comme à l’hôtel Ahifin. Que doit-on faire dans ce cas ? « C’est un cas de vol comme tout autre », explique maître Gohi-Bi, avocat au barreau de Côte d’Ivoire. Et la peine varie de cinq à dix ans, avec une amende de 300.000 à 3.000.000 de FCfa, selon l’article 393 du code de procédure pénal ivoirien. La peine va plus loin si le vol a été commis en réunion, c’est-à-dire à plusieurs. En l’occurrence, si le couple a commis de concert le délit. C’est encore grave si c’est un vol de nuit en réunion. Mais les gérants d’hôtels préfèrent ne pas en arriver-là. Ils règlent ces « petits problèmes » sur-le-champ. La femme qui a été prise avec la serviette à Ahifin, a juste reçu quelques réprimandes. Toutefois, dans certains hôtels, on commence à prendre des précautions. A Abobo, les responsables préfèrent mettre dans les chambres des paires de chaussures avec différentes pointures. Le savon est coupé en deux, «moitié, moitié» par chambre, au lieu de deux serviettes, c’est une serviette pour deux…qui est fou.

Raphaël Tanoh
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