Les cours mondiaux de l’or blanc sont en hausse du fait des mauvaises récoltes enregistrées par la Chine, premier producteur mondial de coton ainsi que l’Inde et le Pakistan. Malheureusement, les cotonculteurs ivoiriens ne pourront pas tirer profit de cette envolée.
Les cours du coton ont atteint, le vendredi 15 octobre, leur plus haut niveau depuis 140 ans sur la bourse des matières premières de New York. Pour une livraison au mois de décembre, la livre (0,5 Kg) valait près d'un dollar vingt, soit 573,96 Fcfa. Certains qualifient ce niveau d’historique. Car, jamais, les acteurs de la filière coton n'avaient assisté à une telle poussée des cours. Sur les douze derniers mois, la progression est estimée à 75%. Malheureusement, les cotonculteurs ivoiriens ne pourront pas tirer profit de cette embellie. Tuo Lacina, président de l’Intercoton (Interprofession de la filière coton), explique que les paysans devront attendre la prochaine campagne avant d'empocher les bénéfices de la hausse si la tendance actuelle se poursuit. En fait, la plupart des producteurs ont vendu leurs récoltes par anticipation, avant que ces hauts niveaux historiques ne soient atteints. Les cours étaient certes élevés au moment de la fixation des prix bord champ, mais pas autant que ceux des mois d’octobre et de décembre. Le prix bord champ pour la campagne 2010-2011 a déjà été fixé à 200 Fcfa pour le coton de premier choix et 170 Fcfa pour le deuxième choix. Le patron des acteurs de la filière affirme qu’il y a eu une légère hausse par rapport à la campagne précédente. Mais, elle n’est pas liée aux cours actuels de l’or blanc. Les prix bord champ sont fixés par l’interprofession composée d’égreneurs et de producteurs. Ils sont indexés aux cours mondiaux. Les coûts étant fixés avant les semis, les paysans ne pourront pas bénéficier de cette envolée. «Par le passé, l’Intercoton fixait les prix lors de la période de commercialisation. Mais, il est arrivé que certains cotonculteurs travaillent à perte. Ils s’endettent pour produire du coton. Compte tenu des prix bord champ qui sont très bas, ils ne font aucun profit. Ils ont donc souhaité que le mécanisme de fixation soit modifié. Nous avons, de commun accord avec tous les acteurs, décidé de fixer les prix avant les semis de sorte que chaque producteur puisse prendre les mesures idoines pour ne pas s’endetter», raconte-t-il. C’est ainsi que pour la campagne 2010-2011, les prix ont été déjà fixés. «Et au moment où nous le faisions de commun accord avec tous les acteurs représentés dans l’interprofession, le Kg de fibre oscillait entre 600 et 700 Fcfa sur le marché international », précise Tuo Lacina. Le comble, c’est que producteurs et égreneurs vendent leurs produits par anticipation. Faute de moyens financiers, les usiniers sont financés par de grands groupes internationaux. Ces entreprises d’égrenage achètent la quasi-totalité des récoltes bien avant les semis. 60 à 75% de la production a déjà été vendu par les paysans, affirme le président de l’interprofession. A en croire des experts de la filière, ils financent l’achat des intrants des cotonculteurs qui leur vendent leur récolte. Toutefois, même les sociétés ne pourront pas tirer leur épingle du jeu. Quant aux industriels, ils ont aussi vendu par anticipation la fibre de coton produite dans leur usine. Inquiets de ne pas pouvoir bénéficier de la hausse des cours mondiaux de l’or blanc, les producteurs ont saisi l’interprofession afin qu’elle trouve une solution à leur problème.
Mais, ce sera difficile, avoue le président Tuo Lacina. Il fait comprendre que l’accord interprofessionnel sur la fixation des prix n’est nullement révisable. «Nous allons rencontrer cependant les usiniers pour voir dans quelle mesure ils peuvent reverser une part de leurs marges bénéficiaires aux producteurs. Mais si les prix restent inchangés, les producteurs vont en bénéficier à la prochaine campagne. Les prix bord champ seront en hausse. S’il y a une chute au moment de la commercialisation, les égreneurs vont énormément perdre», confie-t-il. Il estime que seule la mise en place d’un fonds de garantie de la filière coton pourrait permettre de résoudre les problèmes de la filière. Ce fonds, explique le président de l’Intercoton, va permettre aux industries locales d’obtenir des prêts auprès des banques. Elles ne pourront plus ainsi dépendre des financements extérieurs.
L’envolée constatée sur le marché international s'explique par la diminution des stocks mondiaux, elle-même conséquence d'une forte demande chinoise. La Chine, premier producteur mondial de coton, a enregistré de mauvaises récoltes, tout comme l'Inde et le Pakistan. De fait, le troisième producteur mondial, l’Ouzbékistan a été obligé de plafonner ses ventes à l’extérieur pour alimenter ses propres filatures. Et pourtant, il y a sept ans la production de l’or blanc avait chuté en Côte d’Ivoire du fait de la crise militaro-politique de 2002 et de la baisse des cours mondiaux. La production est passée de 400.000 à 185.000 tonnes. Pour la campagne 2010-2011, qui s’annonce prometteuse, 230.000 tonnes sont prévues avec une prévision de 300 000 tonnes pour la campagne 2011-2012 si les cours restent bons, selon certains spécialistes.
Nimatoulaye Ba
Les cours du coton ont atteint, le vendredi 15 octobre, leur plus haut niveau depuis 140 ans sur la bourse des matières premières de New York. Pour une livraison au mois de décembre, la livre (0,5 Kg) valait près d'un dollar vingt, soit 573,96 Fcfa. Certains qualifient ce niveau d’historique. Car, jamais, les acteurs de la filière coton n'avaient assisté à une telle poussée des cours. Sur les douze derniers mois, la progression est estimée à 75%. Malheureusement, les cotonculteurs ivoiriens ne pourront pas tirer profit de cette embellie. Tuo Lacina, président de l’Intercoton (Interprofession de la filière coton), explique que les paysans devront attendre la prochaine campagne avant d'empocher les bénéfices de la hausse si la tendance actuelle se poursuit. En fait, la plupart des producteurs ont vendu leurs récoltes par anticipation, avant que ces hauts niveaux historiques ne soient atteints. Les cours étaient certes élevés au moment de la fixation des prix bord champ, mais pas autant que ceux des mois d’octobre et de décembre. Le prix bord champ pour la campagne 2010-2011 a déjà été fixé à 200 Fcfa pour le coton de premier choix et 170 Fcfa pour le deuxième choix. Le patron des acteurs de la filière affirme qu’il y a eu une légère hausse par rapport à la campagne précédente. Mais, elle n’est pas liée aux cours actuels de l’or blanc. Les prix bord champ sont fixés par l’interprofession composée d’égreneurs et de producteurs. Ils sont indexés aux cours mondiaux. Les coûts étant fixés avant les semis, les paysans ne pourront pas bénéficier de cette envolée. «Par le passé, l’Intercoton fixait les prix lors de la période de commercialisation. Mais, il est arrivé que certains cotonculteurs travaillent à perte. Ils s’endettent pour produire du coton. Compte tenu des prix bord champ qui sont très bas, ils ne font aucun profit. Ils ont donc souhaité que le mécanisme de fixation soit modifié. Nous avons, de commun accord avec tous les acteurs, décidé de fixer les prix avant les semis de sorte que chaque producteur puisse prendre les mesures idoines pour ne pas s’endetter», raconte-t-il. C’est ainsi que pour la campagne 2010-2011, les prix ont été déjà fixés. «Et au moment où nous le faisions de commun accord avec tous les acteurs représentés dans l’interprofession, le Kg de fibre oscillait entre 600 et 700 Fcfa sur le marché international », précise Tuo Lacina. Le comble, c’est que producteurs et égreneurs vendent leurs produits par anticipation. Faute de moyens financiers, les usiniers sont financés par de grands groupes internationaux. Ces entreprises d’égrenage achètent la quasi-totalité des récoltes bien avant les semis. 60 à 75% de la production a déjà été vendu par les paysans, affirme le président de l’interprofession. A en croire des experts de la filière, ils financent l’achat des intrants des cotonculteurs qui leur vendent leur récolte. Toutefois, même les sociétés ne pourront pas tirer leur épingle du jeu. Quant aux industriels, ils ont aussi vendu par anticipation la fibre de coton produite dans leur usine. Inquiets de ne pas pouvoir bénéficier de la hausse des cours mondiaux de l’or blanc, les producteurs ont saisi l’interprofession afin qu’elle trouve une solution à leur problème.
Mais, ce sera difficile, avoue le président Tuo Lacina. Il fait comprendre que l’accord interprofessionnel sur la fixation des prix n’est nullement révisable. «Nous allons rencontrer cependant les usiniers pour voir dans quelle mesure ils peuvent reverser une part de leurs marges bénéficiaires aux producteurs. Mais si les prix restent inchangés, les producteurs vont en bénéficier à la prochaine campagne. Les prix bord champ seront en hausse. S’il y a une chute au moment de la commercialisation, les égreneurs vont énormément perdre», confie-t-il. Il estime que seule la mise en place d’un fonds de garantie de la filière coton pourrait permettre de résoudre les problèmes de la filière. Ce fonds, explique le président de l’Intercoton, va permettre aux industries locales d’obtenir des prêts auprès des banques. Elles ne pourront plus ainsi dépendre des financements extérieurs.
L’envolée constatée sur le marché international s'explique par la diminution des stocks mondiaux, elle-même conséquence d'une forte demande chinoise. La Chine, premier producteur mondial de coton, a enregistré de mauvaises récoltes, tout comme l'Inde et le Pakistan. De fait, le troisième producteur mondial, l’Ouzbékistan a été obligé de plafonner ses ventes à l’extérieur pour alimenter ses propres filatures. Et pourtant, il y a sept ans la production de l’or blanc avait chuté en Côte d’Ivoire du fait de la crise militaro-politique de 2002 et de la baisse des cours mondiaux. La production est passée de 400.000 à 185.000 tonnes. Pour la campagne 2010-2011, qui s’annonce prometteuse, 230.000 tonnes sont prévues avec une prévision de 300 000 tonnes pour la campagne 2011-2012 si les cours restent bons, selon certains spécialistes.
Nimatoulaye Ba