Ex-Caisse autonome d’amortissement (Caa) devenue Banque nationale d’investissements (Bni), Banque nationale pour le développement agricole (Bnda) déguisée en Banque pour le financement de l’agriculture (Bfa) ou la Versus Bank, etc. Les nombreux scandales qui ont éclaboussé les «banques pro-Gbagbo» ou «Banques patriotes» qui refusent de respecter la légalité et la légitimité républicaines ont mis à nu la fragilité préoccupante qui caractérise le système financier ivoirien. Si le secteur privé a, relativement, pu survivre à son échec, les établissements à capitaux nationaux ont pu s’en sortir parce que simplement maintenus sous perfusion. D’ailleurs, les différentes opérations d’assainissement ont coûté au trésor public près de 80 milliards Fcfa. Le plus choquant est que, le plus souvent, le sauvetage de ces établissements s’est fait sans qu’il n’ait été demandé des comptes particuliers ou de s’astreindre à une obligation de transparence. La preuve : aucune banque d’Etat n’a, jusque-là, présenté un bilan public sans tâche. Un signe, sans doute, que la mauvaise gestion des institutions financières publiques est de mise. Un commissaire aux comptes affirme qu’il existe quatre phénomènes de détournement des ressources : la complicité active ou passive de l’encadrement (ce que le président de la Bni, Victor Nembelessini, a refusé en s’exilant), la permissivité de la réglementation notamment en matière de transfert de devises vers l’étranger, l’inertie pour ne pas dire l’absence de contrôle interne, le dysfonctionnement d’une justice lente et non spécialisée qui « fait beaucoup plus dans le show ». Pour lui, les tribunaux font plus de spectacle que de procès et l’Etat reste désertique en actes de jurisprudence bancaire. Dans bien des cas, les anomalies sont couvertes. C‘est comme lorsque l’auteur du vol est un policier. Il sait très bien masquer ses actes illégaux. Le syndrome des banques volantes est bien présent avec les fonds qui se sont retrouvés dans des caisses noires et douteuses. Certes, le Président Ouattara a promis remboursé les sommes volées aux populations, mais, qui en fera autant pour les victimes du système Gbagbo ? Quoi qu’il en soit, il est clair que si les règles de l’économie de marché étaient respectées, il n’y aurait jamais eu autant de fonds détournés ni autant de crédits alloués à des entreprises fictives ou aux fondements d’argile. En l’espace de dix ans, il n’est pas exagéré de dire que les institutions financières publiques ont constitué la tirelire de certains pontes du régime illégal de Gbagbo, de leurs protégés ainsi que de prête-noms. Certains spécialistes estiment à plus de 200 milliards Fcfa, les sommes pillées des banques publiques.
Dans ces conditions, il serait suicidaire et risqué pour les nombreux usagers des grandes banques comme la Sgbci ou la Bicici de confier leurs avoirs à des établissements publics, champions olympiques de la navigation à vue et de la prévarication.
Lanciné Bakayoko
Dans ces conditions, il serait suicidaire et risqué pour les nombreux usagers des grandes banques comme la Sgbci ou la Bicici de confier leurs avoirs à des établissements publics, champions olympiques de la navigation à vue et de la prévarication.
Lanciné Bakayoko