Les martyrs et nous ! On ne saura certainement jamais le nombre de morts, de blessés de cette crise post-électorale. Un bilan officiel fait depuis, parlait de plus de 3000 morts. En réalité, le décompte était fastidieux aussi bien pour le RHDP que la division des droits de l’homme de l’ONUCI, tellement la machine à tuer était effroyable. Elle tournait à 100 à l’heure.
Le deuil des familles est encore frais. Les larmes continuent de perler les joues. Entre déraison et folie, les Ivoiriens ont donné une image peu glorieuse de leur pays qui contraste avec celui que le père fondateur, Félix Houphouët-Boigny avait projetée dans le monde entier. Un pays minutieusement bâti dont chaque Ivoirien se réclamait avec fierté. Parce que nous n’avons pu su contenir nos contradictions, le pays a basculé dans la guerre civile. Contrairement à l’ouest du pays en 2002 avec l’ex-rébellion, Abidjan la perle des lagunes devenue la poubelle du monde (avec les déchets toxiques) a vécu les pires schémas de la crise post-électorale. Des hommes braisés comme du poisson servis dans les maquis abidjanais, certains égorgés, d’autres ensevelis vivants. A Yopougon, les partisans de l’actuel président et les étrangers n’oublieront pas de sitôt le fameux « article 125 », entendez par là, pétrole 100 FCFA, boîte d’allumettes 25 FCFA. Quelle horreur ! Ces scènes insoutenables continuent de circuler sur le net. La capitale économique a célébré, à travers les organisations de désœuvrés (sorbonnards) et la nébuleuse fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) la haine pour enfin la vivre. La guerre tant souhaitée est arrivée. « On est prêt pour la guerre », « si on touche à Gbagbo, c’est le chaos », pouvait-on entendre çà et là. Comme au Rwanda, les populations civiles ont été armées et conditionnées pour en découdre avec leurs voisins. Des miliciens pro-Gbagbo dans le district d’Abidjan marquaient les portes des domiciles de deux sigles, « D », c’est-à-dire Dioula, « B » pour Baoulé, deux grandes communautés dont l’essentiel a marqué sa préférence pour le Président de la République lors de la présidentielle de novembre 2010. Quand votre quotidien préféré parlait d’une « rwandisation » de la Côte d’Ivoire, des esprits retords criaient à une incitation à la haine. Les faits nous donnent aujourd’hui raison. Les victimes sont du RHDP, de LMP, du nord, du sud, de l’est, du centre et de l’ouest, au fait de toutes les régions, de toutes les ethnies et de toutes les formations politiques.
Diantre ! Pourquoi sommes nous devenus subitement violents ? Assassins ? Cannibales ?
La refondation s’est révélée être un cauchemar, une grosse bêtise. La mort est devenue banale. Les enfants enjambent les cadavres dans les rues. Les fosses communes à « Yopougon la joie » désormais balafrée « parfument » les lieux. Abobo, notre Bagdad se remet peu à peu de son traumatisme. Au moment où le pays décrète les 12,13 et 14 mai, journées de deuil national, en attendant les assises de la commission « dialogue, vérité, réconciliation », des victimes et des bourreaux étaient hier côte à côte sur le parvis du Palais présidentiel. Pendant ces jours de deuil, chaque Ivoirien devrait se replier sur lui-même, s’interroger sur sa part de responsabilité personnelle dans le drame que le pays traverse. S’il est vrai que le Président de la République appelle au pardon et à la réconciliation, il n’en demeure pas moins qu’il promet la justice aux martyrs. Pour la mémoire de ces milliers de morts, d’orphelins, de veuves et veufs, les Ivoiriens ont besoin de mettre fin à l’impunité rampante pour un nouveau contrat social. En outre, ces morts de la démocratie, pour la paix de leur âme, ont besoin de savoir la vérité. Oui donc à la réconciliation, mais dans la justice. Les parents des victimes ont les oreilles tendues. Ils seront légitiment exigeants et les nouvelles autorités doivent donner des signaux. Pour que « Plus jamais ça ! » ne soit une simple boutade.
Coulibaly Brahima
Le deuil des familles est encore frais. Les larmes continuent de perler les joues. Entre déraison et folie, les Ivoiriens ont donné une image peu glorieuse de leur pays qui contraste avec celui que le père fondateur, Félix Houphouët-Boigny avait projetée dans le monde entier. Un pays minutieusement bâti dont chaque Ivoirien se réclamait avec fierté. Parce que nous n’avons pu su contenir nos contradictions, le pays a basculé dans la guerre civile. Contrairement à l’ouest du pays en 2002 avec l’ex-rébellion, Abidjan la perle des lagunes devenue la poubelle du monde (avec les déchets toxiques) a vécu les pires schémas de la crise post-électorale. Des hommes braisés comme du poisson servis dans les maquis abidjanais, certains égorgés, d’autres ensevelis vivants. A Yopougon, les partisans de l’actuel président et les étrangers n’oublieront pas de sitôt le fameux « article 125 », entendez par là, pétrole 100 FCFA, boîte d’allumettes 25 FCFA. Quelle horreur ! Ces scènes insoutenables continuent de circuler sur le net. La capitale économique a célébré, à travers les organisations de désœuvrés (sorbonnards) et la nébuleuse fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) la haine pour enfin la vivre. La guerre tant souhaitée est arrivée. « On est prêt pour la guerre », « si on touche à Gbagbo, c’est le chaos », pouvait-on entendre çà et là. Comme au Rwanda, les populations civiles ont été armées et conditionnées pour en découdre avec leurs voisins. Des miliciens pro-Gbagbo dans le district d’Abidjan marquaient les portes des domiciles de deux sigles, « D », c’est-à-dire Dioula, « B » pour Baoulé, deux grandes communautés dont l’essentiel a marqué sa préférence pour le Président de la République lors de la présidentielle de novembre 2010. Quand votre quotidien préféré parlait d’une « rwandisation » de la Côte d’Ivoire, des esprits retords criaient à une incitation à la haine. Les faits nous donnent aujourd’hui raison. Les victimes sont du RHDP, de LMP, du nord, du sud, de l’est, du centre et de l’ouest, au fait de toutes les régions, de toutes les ethnies et de toutes les formations politiques.
Diantre ! Pourquoi sommes nous devenus subitement violents ? Assassins ? Cannibales ?
La refondation s’est révélée être un cauchemar, une grosse bêtise. La mort est devenue banale. Les enfants enjambent les cadavres dans les rues. Les fosses communes à « Yopougon la joie » désormais balafrée « parfument » les lieux. Abobo, notre Bagdad se remet peu à peu de son traumatisme. Au moment où le pays décrète les 12,13 et 14 mai, journées de deuil national, en attendant les assises de la commission « dialogue, vérité, réconciliation », des victimes et des bourreaux étaient hier côte à côte sur le parvis du Palais présidentiel. Pendant ces jours de deuil, chaque Ivoirien devrait se replier sur lui-même, s’interroger sur sa part de responsabilité personnelle dans le drame que le pays traverse. S’il est vrai que le Président de la République appelle au pardon et à la réconciliation, il n’en demeure pas moins qu’il promet la justice aux martyrs. Pour la mémoire de ces milliers de morts, d’orphelins, de veuves et veufs, les Ivoiriens ont besoin de mettre fin à l’impunité rampante pour un nouveau contrat social. En outre, ces morts de la démocratie, pour la paix de leur âme, ont besoin de savoir la vérité. Oui donc à la réconciliation, mais dans la justice. Les parents des victimes ont les oreilles tendues. Ils seront légitiment exigeants et les nouvelles autorités doivent donner des signaux. Pour que « Plus jamais ça ! » ne soit une simple boutade.
Coulibaly Brahima