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Politique Publié le vendredi 13 mai 2011 | Nord-Sud

En hommage aux victimes de la crise, Alassane Ouattara :«La journée du 12 mai sera instituée “Journée des Martyrs’’»

© Nord-Sud Par Emma
A la mémoire des victimes de la crise post-électorale: le Président Alassane Ouattara lance la Journée nationale des Martyrs
Jeudi 12 mai 2011. Abidjan. Palais présidentiel du Plateau. Le chef de l`Etat décrète le 12 mai, Journée nationale des martyrs. Pendant trois jours, du 12 au 14 mai, les drapeaux seront en berne sur toute la Côte d`Ivoire pour marquer le deuil
Les trois jours de deuil national décrétés par le président de la République, en l’honneur des victimes de la crise post-électorale ont débuté, hier, par une cérémonie d’hommage, au palais présidentiel au Plateau. A cette occasion, le président de la République, Alassane Ouattara, a fait de ce jour, 12 mai, la “Journée nationale des martyrs’’.


«Le vendredi 06 mai 2011, devant la nation entière, j’ai prêté serment en qualité de président de la République de Côte d’Ivoire.
Cette cérémonie de prestation de serment qui a mis un terme à la longue crise post-électorale qu'a connue notre pays, a été pour moi un moment d’intense émotion, en raison du souvenir douloureux de ces cinq mois de souffrance pour tous les Ivoiriens et pour toutes les populations vivant dans notre pays.
Cinq longs et interminables mois, émaillés d’innombrables pertes en vies humaines, où tous, sans distinction d’ethnie, de religion, de parti politique ou même de nationalité, avons vécu dans la peur, dans l’angoisse, dans la faim, avec la mort.
Oui, ces cinq derniers mois ont été difficiles pour nous tous : hommes, femmes, enfants. Du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest, du Centre. Militants du Pdci, du Rdr, du Fpi, de l’Udpci, des Forces nouvelles, du Mfa, de l’Upci, du Pit… Chrétiens, musulmans ou d'une autre confession religieuse.Tous, nous avons beaucoup souffert !
Chers frères, chères sœurs,
Nombreux sont hélas nos compatriotes qui n'écriront pas avec nous, les pages de la Côte d'Ivoire nouvelle que nous avons pourtant appelée de tous nos vœux.
Nous, les rescapés, nous devons nous souvenirs de nos martyrs et de toutes les victimes de cette crise. Nous devons nous arrêter pour pleurer avec ces milliers de familles endeuillées et attristées.
Je voudrais au nom de la nation, m’incliner devant la mémoire de tous ceux et de toutes celles qui sont tombés depuis le déclenchement de la crise post-électorale.
Je présente mes condoléances les plus attristées à leurs familles. Aux blessés, j’exprime ma profonde compassion et je leur souhaite un prompt rétablissement.
A tous les orphelins, à toutes les veuves et à tous les veufs, à tous les parents de victimes, je veux leur dire que la Côte d'Ivoire ne les oubliera jamais. C’est pourquoi, au nom de la nation, je décrète un deuil national de trois jours à compter d’aujourd’hui. Pendant ces trois jours, les drapeaux seront en berne.
Dorénavant, la journée du 12 mai sera instituée «Journée des Martyrs».
Je donne l’assurance à tous qu’aucun crime ne restera impuni. Une Commission nationale d’enquête a déjà été constituée pour poursuivre, juger et punir les auteurs des excès et des tueries.
La Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation qui verra le jour bientôt permettra à toute la nation de comprendre, de situer les responsabilités et de pouvoir pardonner.
Je prends l’engagement, de tout mettre en œuvre, pour que notre rêve commun d’un pays prospère, uni et réconcilié se réalise.
Pour cela, nous devons engager tous ensemble, les chantiers de la reconstruction de notre pays et bâtir dès à présent la Côte d’Ivoire nouvelle à laquelle nous aspirons tous.
Je souhaite enfin que ces trois jours de prière et de recueillement nous permettent de faire notre examen de conscience et d’aboutir à la même conclusion : plus jamais ça dans notre pays!
Que Dieu protège la Côte d’Ivoire».


La Côte d’Ivoire pleure ses morts

Une cérémonie d’hommage aux victimes de la crise post-électorale s’est déroulée, hier, au palais présidentiel, à la faveur des trois jours de deuil décrétés par le président de la République. Essentiellement militaire, cette cérémonie, qui s’est voulue sobre et laconique, a été marquée par une sombrée aux morts, suivie d’une minute de silence, de l’hymne national et de la mise du drapeau en berne. Dans son adresse, le président de la République, Alassane Ouattara, a souhaité que ces trois jours de deuil qui ont débuté, hier, se passent dans la prière et le recueillement. « Que ces trois jours nous permettent de faire notre examen de conscience et d’aboutir à la même conclusion : plus jamais ça dans notre pays! », a-t-il souhaité.
En plus des officiers généraux, officiers supérieurs et commandants de groupements tactiques présents, l’armée ivoirienne était représentée par deux pelotons de la gendarmerie nationale, deux sections d’élèves sous-officiers d’actives, d’une section des bérets verts de Bouaké et de la section musique de la gendarmerie nationale.
C’est d’ailleurs, cette dernière qui a exécuté la sombrée aux morts et l’hymne national. Le Premier ministre et les membres du gouvernement, ainsi que des personnalités diplomatiques, et traditionnelles religieuses et de la société civile ont également pris part à la célébration. Débutée à 10h38, avec l’arrivée d’Alassane Ouattara, c’est à 11h09 qu’elle s’est achevée avec le retrait successivement, du drapeau et de ses éléments, du retrait des troupes, et du retrait du président de la République.

MAE

REACTIONS

Konaté Sidiki (Ministre) : «L’Ivoirien doit se dire plus jamais ça !»
« C’est un acte fort que l’Etat de Côte d’Ivoire rend à tous ces enfants, à toutes ces personnes qui ont perdu la vie durant ces évènements. C’est un acte d’hommage et de réconciliation. Pendant ces trois jours de deuil, que l’Ivoirien médite, qu’il aille au plus profond de lui-même, qu’il prie beaucoup et en même temps, qu’il réfléchisse à comment se comporter désormais dans ce pays ; comment agir dans ce pays ; comment créer les conditions d’une vie normale, d’une vie où on se respecte, où on respecte les biens d’autrui, où on respecte les règles de la vie et qu’on n’en arrive jamais plus à ce qu’on a vécu durant ces cinq mois. Au sortir de ces trois jours, l’Ivoirien doit se dire “ plus jamais ça !’’ »

Mabri Toikeusse (Ministre) : «Il s’agit de tirer des leçons»
« C’est une cérémonie de souvenir pour dire à tous ceux qui ont été fauchés que nous ne les oublierons pas. Mais dire aussi à toute la nation que la Côte d’Ivoire nouvelle va se construire sur les bases du respect des droits de l’Homme, de la liberté, de la démocratie. Il s’agit surtout de tirer des leçons, de faire en sorte que la cohésion qui va naître après la réconciliation, le pardon, nous conduise à un pays de vrai rassemblement, de fraternité, un pays de respect de tous les droits des citoyens».

Ambroise Nyonsaba (Représentant spécial du président de la commission de l’UA): « C’est un devoir de rendre hommage ... »
Mon sentiment est que c’est vraiment un devoir de rendre hommage aux victimes, à toutes les victimes de la crise post-électorale. Je suis très heureux que le président de la République ait décrété ces trois jours de deuil pour permettre à tous les Ivoiriens de méditer sur ce qui est arrivé et de se faire une résolution forte pour que cela n’arrive plus jamais en Côte d’Ivoire ».

Anaky Kobena (Mfa) : «Maintenant la Côte d’Ivoire a ses martyrs»
«Nous avons apprécié que le président ait déjà anticipé en faisant de cela une journée qui, chaque année, sera célébrée pour tous ceux qui sont morts, parce que ce sont nos martyrs. Certains disaient que cela manquait à notre histoire. Maintenant, la Côte d’Ivoire a ses martyrs. Nous ne devons jamais les oublier. Mais, surtout, nos jeunes sauront pourquoi ce jour est célébré et ils sauront certainement éviter ce que leurs parents n’ont pas su éviter».

Me Traoré Drissa (Midh) :«Jamais plus de morts pour des élections»
«C’est une cérémonie qui est bien venue. Maintenant que la paix est revenue, elle nous permet de nous arrêter, de penser à nos morts, de penser à toutes ces personnes qui sont tombées sur le chemin de la démocratisation de la Côte d’Ivoire. C’est un moment pour dire également à leurs parents, à leurs amis, qu’ils ne sont pas morts inutilement, surtout de se dire, ensemble avec le président de la République, jamais plus ça en Côte d’Ivoire. Parce que les morts, on en a vus, on en a dénombrés, mais aujourd’hui, on doit s’asseoir pour dire, jamais plus de morts pour des élections, jamais plus de morts pour la démocratie ».

Propos recueillis par MAE
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