x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le jeudi 7 juillet 2011 | Nord-Sud

Insécurité sur l’axe Duékoué-Bangolo / Sept personnes tuées en une semaine

La situation sécuritaire devient de plus en plus préoccupante dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. A preuve, en l’espace d’une semaine, quatre cas de braquage sont signalés avec sept personnes tuées et une femme amputée du bras.


Sept personnes sont mortes en une semaine. Des usagers de cars de transport en commun ont été abattus par des hommes en arme. Une semaine après l’attaque du convoi des journalistes le 15 juin 2011, c’est un minicar en provenance d’Abidjan qui est intercepté au même endroit. Le car et ses occupants sont tous entraînés dans la broussaille pour être dépouillés de tout ce qu’ils possédaient comme objets précieux et argent en espèce. Le correspondant du quotidien Le Patriote à Man, Raoul Sainfor était de ce voyage. Le vendredi 1er juillet, aux environs de 22h30, toujours entre Duékoué et Bangolo, non loin du village de Diahouin, c’est un autre minicar appelé communément Massa qui essuie des tirs des mêmes coupeurs de route. À la vue du véhicule qui roulait à vive allure, les bandits ont ouvert le feu sur les roues du minicar qui heurte un tronc d’arbre, palcé en travers de la route comme obstacle par les scélérats, avant de se retrouver dans une spirale de tonneaux pour finir son parcours dans un ravin. Faisant deux morts sur le coup. Les blessés dont dame Diabaté Aïcha, commerçante, âgée de 30 ans qui a essayé se sortir se retrouve nez à nez avec ses bourreaux qui lui tire sur le bras à bout portant. « J’étais assise à côté du chauffeur et il ont tiré à deux reprises su la roue avant du véhicule. Quand le véhicule s’est renversé dans le bas-fond, je suis sortie par la fenêtre. J’avais mes bras au complet. Ils ont continué à tirer sur nous. Quand je suis sortie je leur ai présenté mon sac contenant plus de deux cent mille avec mon téléphone portable. C’est après avoir pris tous ce qui était sur moi qu’ils ont tiré sur mon bras à bout portant avec une lance-grenade. Mon bras s’est coupé. Et j’ai dit au bandit “tu as coupé mon bras mieux vaut m’achever en même temps“. Il s’est retourné et m’a donné un violent coup de pied au visage », relate Diabaté Aicha Léa qui porte aussi une large blessure sur la jambe en plus de son bras amputé. « J’ai moi-même soulevé mon bras coupé et avec l’aide d’un jeune homme qui était avec nous dans le véhicule, nous nous sommes débrouillés pour atteindre la grande voie. C’est ainsi que nous avons vu un premier camion qui a refusé de nous prendre ensuite un autre dans lequel se trouvait un militaire. J’ai crié très fort en leur montrant mon bras coupé. C’est ainsi qu’ils se sont arrêtés pour nous transporter à l’hôpital de Bangolo. Arrivé là-bas, les médecins ayant constaté la gravité de la blessure nous ont conseillé de nous rendre à Man. Mon bras coupé est resté à Bangolo et c’est le, lendemain que mon frère est allé le chercher», a-t-elle ajouté.
Touré Aïcha venait d’obtenir son visa pour la France et se rendait à Man pour informer ses parents de son voyage prévu pour cette semaine. Devinez la douleur et la tristesse qu’elle partage ces jours-ci avec ses parents. Deux autres blessés se trouvant dans le même véhicule sont morts des suites de leurs blessures au centre hospitalier régional.
Ce mardi, tôt le matin, un autre minicar qui a pris son départ à Duékoué avec pour destination Man, entre Bangolo et Logoualé, à un kilomètre de la première ville citée, il essuie des tires de kalachnikov. Le chauffeur est tué sur le champ. Au même moment une camionnette appelée communément Kia est attaquée sur l’axe Bangolo-Kahin. Le chauffeur y a trouvé la mort. Faisant deux chauffeurs tués dans la même journée.

Voyager un cauchemar
Le lundi 04 avril, nous recevons un coup de fils annonçant le décès de Traoré Emmanuel, chauffeur du véhicule qui transportait les journalistes qui ont été braqués le 15 juin 2011. Et qui avait reçu une balle au cou. Faisant un total de 07 personnes tuées dans une semaine par les coupeurs de route dont l’identité reste jusque- là un mystère. Avant la crise post-électorale, l’on portait des accusations à l’encontre des miliciens Guéré et des jeunes désœuvrés qui seraient les auteurs de ces attaques à répétition. Suite à l’attaque du convoi des journalistes et des minicars le 15 juin dernier, des soupçons ont pesé sur les mêmes miliciens qui serait encore armés et retranchés dans la brousse pour assouvir leurs basses besognes. Une thèse que certaines personnes prennent avec beaucoup de réserve. « C’est vrai qu’il peut avoir des miliciens encore armés qui mènent ces attaques, mes nos soldats des forces républicaines doivent aussi redoubler de vigilance parce que certains de leurs ex-combattants ne sont pas exempts de reproche », fait remarquer T I, une victime de braquage cette semaine. Un chef de gare révèle que ceux qui ont abattu le chauffeur près de Bangolo ont avoué leur appartenance aux FRCI. « Ils était environ 15 personnes tous en tenue militaire et l’un d’entre eux a dit aux chauffeur Touré Yacou, “c’est vous qui avez demandé qu’on quitte les routes, vous allez voire“ avant de mettre ses menaces à exécution en tirant sur le chauffeur qui avait déjà stationné », explique le chef de gare. Qui pointe un doigt accusateur à l’encontre des hommes en tenue.
Du côté de la gare routière, c’est la méfiance. « Les braqueurs sont souvent parmi nous. Je voudrais vous dire qu’un jour nous étions assis dans un kiosque à café et un de nos chauffeurs, parlant des coupeurs de route à laissé entendre qu’en cas d’attaque de son véhicule par des coupeurs de route, il ne fera aucune résistance. Et cela pourra lui permettre de sauver sa vie et celles de ses passagers. Deux jours plus tard, les coupeurs de route attaquent son minicar. L’homme exécute ce qu’il avait dit au paravent. L’un des coupeurs de route qui le reconnaît dit à ses camarades, “ne faisons rien au chauffeur et à son apprenti tout en rappelant ce que le chauffeur avait dit deux jours au kiosque », explique Doumbia M. transporteur à la grande gare de Man. Une manière pour lui de nous faire savoir que les coupeurs de route ne sont pas loin du milieu des transporteurs et des usagers de la route.

Miliciens et ex-combattants Frci soupçonnés
Ce qui amène certains acteurs du transport à observer une grande prudence dans la tenue de certains langages concernant ces coupeurs de route. Les FRCI de leur côté réfutent toute accusation portée contre elles. « Nos éléments ne sont pas des braqueurs. Mais souvent des hommes en arme peuvent revendiquer leur appartenance aux forces républicaines et après contrôle on se rend compte qu’ils ne figurent pas dans nos fichiers, » se défend le chargé de communication du commandant Losseni Fofana. Qui par ailleurs rassure. « Depuis lundi, le commandant Loss a entrepris une tournée de sensibilisation des éléments à Logoualé, Bangolo, Duékoué et Guiglo pour leur faire comprendre que la situation sécuritaire est grave et que si certains d’entre eux seraient impliqués qu’ils arrêtent. Les chefs de village de la zone de Bangolo sont aussi sensibilisés pour dire à leurs enfants qui détiennent illégalement des armes de les déposer immédiatement auprès des autorités compétentes. Désormais, c’est la tolérance zéro pour les coupeurs de route », a assuré Mara Laciné. Qui par ailleurs annonce d’autres mesures sécuritaires. « Depuis mardi, des patrouilles mobiles sont initiées de Man à Guésabo et cela 24h/24 ; à côté de cela, ils y a des postes fixes de contrôle qui ne sont pas des barrages, les éléments y sont déployés par rotation sur des zones stratégiques », a-t-il indiqué.
Mais il faut noter que seule une enquête minutieuse couplée d’une action vigoureuse des forces républicaines de Côte d’Ivoire pourra permettre de démasquer ces criminels qui ne cessent d’endeuiller des familles dans la région.
Conscientes de cet état de fait, les autorités administratives de la cité des montagnes de leur côté prennent avec sérieux cette situation. Le préfet de région, préfet du département de Man, a indiqué qu’un plan de sécurisation du tronçon Man-Duékoué est à l’étude et pourrait être mis en œuvre d’ici peu. « Il s’agira en plus des patrouilles mobiles qui seront organisées sur cette voie, de permettre aux forces républicaines d’escorter tous les véhicules qui vont emprunter l’axe Man -Duékoué », a noté le gouverneur Amani Yao Michel. Cette initiative, selon lui, doit impliquer les autorités politiques, administratives et militaires des régions des montagnes et du moyen Cavally.
Pour mémoire, le 03 Janvier 2011, c’est suite à un braquage sur ce même axe baptisé par certains usagers “la route de la mort“ qu’a éclaté la première violente crise intercommunautaire à Duékoué faisant plus de 20 morts et plus de 2000 sans abris et des milliers de déplacés. Une crise qui a laissé des marques indélébiles sur la ville de Duékoué.

Kindo Ousseny à Man
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ