Entre la volonté légitime des autorités militaires de lutter contre la criminalité et le grand banditisme qui ont pris des proportions alarmantes à Bouaké et la crainte, non moins légitime, de voir l’arsenal détourné de son objectif initial, les populations vivent dans la peur. Et dans la psychose généralisée, il est de plus en plus risqué d’être surtout un amateur d’engins motorisés à deux roues.
Qu’une ville aussi répertoriée et chargée de symboles pour l’ex-rébellion des Forces nouvelles qu’est Bouaké puisse développer, en l’espace de quelques mois seulement, un climat d’insécurité galopante, a de quoi surprendre et choquer plus d’un habitant de la capitale de la Vallée du Bandaman. Du fait que, depuis septembre 2002, elle est tombée entre les mains de l’ex-rébellion, Bouaké s’est taillé la réputation de ville sécurisée. Pendant huit années, le Commandant de Zone, Chérif Ousmane et ses éléments, n’ont pas cessé de sonner l’hallali contre les criminels et les bandit de grand chemins. Les Ivoiriens qui ont beaucoup d’humour n’hésitaient pas à dire, à l’époque, qu’à Bouaké, on pouvait laisser son « caleçon dehors ». Une image bien à propos, pour dire que l’ancien Commandant de Zone et ses hommes veillaient sur le sommeil tranquille de leurs compatriotes. Mais, avec le déclenchement de la crise postélectorale de novembre 2010, on s’est aperçu que le dispositif – propre et bien rodé – de Chérif Ousmane s’était considérablement relâché, eu égard notamment aux mouvements des troupes appelées sur les différentes lignes de fronts. « La réorganisation des troupes a mis du temps et cela a donné des idées aux criminels, bandits et autres visiteurs indélicats qui ont repris du service avec une opérationnalité jamais enregistrée à Bouaké. Le temps que le nouveau patron de la sécurité soit nommé, qu’il prenne langue avec le terrain et mette en place, son dispositif pour quadriller la cité, ils avaient déjà mis leur réseau en branle », constate un cadre proche des Forces nouvelles à Bouaké. En effet, selon la même source, en l’espace de quelques mois, les statistiques de la criminalité ont considérablement grimpé dans la capitale du Centre. « Les braquages de véhicules et de motos, et les attaques à main armée des personnes et des domiciles ne se comptent plus à Bouaké aujourd’hui. Des gens perdent régulièrement la vie du fait de ces criminels», regrette un informateur. Mais, pour la plupart des Bouakéens interrogés, le phénomène lié à la criminalité qui s’est le plus développé - à un rythme vertigineux - pendant les derniers mois, est sans aucun doute, les braquages de motos. Il faut dire que les engins à deux roues pullulent depuis quelques années dans les ex-Zones Centre-Nord-Ouest (CNO) qui étaient sous l’autorité de l’ancienne rébellion des Forces nouvelles. « Posséder ou conduire une moto à Bouaké aujourd’hui, n’est pas chose facile. Vous êtes obligés de vous entourer de toutes les garanties sécuritaires quand vous roulez sur les grandes artères de la ville comme sur les voies peu fréquentées. Lorsque vous roulez, vous êtes obligés d’avoir le regard toujours rivé sur le rétroviseur, car il n’est pas rare qu’un individu de mauvais aloi, vous espionne et cherche le moyen de vous agresser pour vous prendre votre engin à votre descente. Deux collègues se sont retrouvés une nuit dans cette situation et se sont vu sauvagement agressés avant d’assister, impuissants, leurs agresseurs disparaître avec leurs motos. Le phénomène a pris une telle ampleur que personne n’est à l’abri d’une agression. Par mesure de prudence, moi, je ne roule plus à partir de 16 heures. D’ailleurs, après 16 heures, je ne sors plus de chez moi, car Bouaké est totalement dans l’insécurité aujourd’hui », relate, non sans amertume, mademoiselle Aïchata O, fonctionnaire de son état.
Victime d’une démoiselle
A la question de savoir, où les quidams gardent leurs butins pour ne pas se faire reconnaître par leurs victimes, notre interlocutrice répond formellement: « Au Nord du pays, à Korhogo, à Ferké, à Ouangolo, à Boundiali etc. pour les revendre ensuite. Je pense même qu’on a affaire à une filière de bandit de grand chemin que les autorités en charge de la sécurité doivent démanteler par tous les moyens. Des témoignages affirment d’ailleurs que, certains de ces indélicats individus arborent des treillis militaires. Raison de plus, pour que les responsables de la sécurité de la ville de Bouaké mettent les bouchées doubles pour traquer et mettre hors d’état de nuire ces bandits qui entretiennent la confusion dans l’esprit des citoyens. Il ne faut pas donner matière à des bandits d’amener les populations à douter de ceux qui travaillent réellement pour leur sécurité et la sécurité leurs biens. En même temps, tout doit être mis en œuvre pour que désormais, ceux qui n’y ont pas droit, ne portent plus le treillis à Bouaké comme partout ailleurs dans le pays. D’ailleurs, pour votre propre sécurité ici à Bouaké, je vous déconseille même d’emprunter les taxis-motos, car beaucoup de ces bandits se recrutent parmi les conducteurs de taxis-motos…», ajoute-t-elle catégoriquement. Même son de cloche, pour cet autre fonctionnaire de l’Etat, redéployé, il y a tout juste un an, à Bouaké et qui nous a été présenté au cours de l’enquête pour le caractère quelque peu extraordinaire de son histoire. La rage au cœur, il raconte comment, il a fait les frais d’une jeune braqueuse de motos. « Je m’apprêtais à monter sur ma moto au quartier Commerce quand une charmante jeune fille m’approcha avec un sourire dont seules ont le secret les belles femmes. Elle me salua et avec un air sérieux, m’expliqua qu’elle habitait Ahougnanssou et qu’elle souhaitait que je la dépose chez elle, si cela ne me dérangeait pas. Je n’y voyais aucun inconvénient puisque je me rendais d’ailleurs dans la zone. Il était 18h30, ce jour-là. Quand nous étions arrivés au niveau du Stade, elle s’est mise à hurler de toutes ses forces, me suppliant de m’arrêter pour qu’elle ramasse une chaussure qui venait de lui sortir du pied. Je pris les freins et me rangeai totalement à droite. Une fois à terre, je constatai effectivement, que la chaussure se trouvait projetée en pleine chaussée, à une bonne distance de nous. Je me garai et lui demandai de me laisser rattraper la chaussure pour ne pas qu’elle ait à prendre de risque, à ce moment du jour où le trafic est intense sur cette grande artère. Erreur ! Elle me laissa m’éloigner, monta le plus tranquillement du monde sur ma moto toujours en marche et s’éloigna. J’eus tout juste le temps de crier, mais eh ! Où vas-tu ? Paniqué, je mis du temps à réaliser ce qui m’arrivait. Le temps d’arrêter un taxi-moto pour me lancer à ses trousses qu’elle avait disparu dans la nature…».
Seulement voilà, dans une ville où les tissus treillis et les coutelas de soldats se vendent au marché, en plein air, où le taxi-moto est le moyen de transport le plus prisé, le débat sur le mode opératoire de ces braqueurs de motos et autres criminels de Bouaké devrait trouver sa place dans la réflexion gouvernementale en cours sur la question de la sécurité nationale après la crise postélectorale. A Bouaké, il faut dire que les habitudes créées par la situation post-guerre de 2002 ont la peau dure. Très peu de gens dans la seconde ville de Côte d’Ivoire réalisent effectivement que la belligérance est totalement finie et que le retour à la normalité est désormais un processus irréversible qui s’impose à tous. A l’inverse, beaucoup se plaisent encore et pensent pouvoir quibuscumque viis (par tous les moyens) perpétuer une économie de traite et de rapine qui fait mal malheureusement aux citoyens et qui ne profite guère à l’Etat.
Nécessité
d’une moralisation
et d’un redéploiement
urgent de la police
Dans un contexte de réconciliation nationale et de retour à la normalité, la question sécuritaire fait partie des sentiers prioritaires du chef de l’Etat. Il est vrai que la montée du banditisme et de la criminalité sont des phénomènes contingents qui n’appartiennent pas aux traditions ivoiriennes. Pour Alassane Ouattara, plus qu’hier, il convient de lutter contre ces phénomènes avec la dernière énergie en cette période post-crise. Première mesure prise, le Chef de l’Etat, conscient du grand rôle que les forces de sécurité (gendarmerie et police) sont appelées à jouer dans la renaissance de la Côte d’Ivoire, a fait procéder à un allègement, mieux, à une quasi suppression des barrages routiers et à une « moralisation » desdites forces à travers un combat destiné à supprimer définitivement le racket systématique. Les Ivoiriens attendent qu’il aille plus loin, en arrêtant des mesures vigoureuses contre les éléments qui, sous prétexte de contrôle de papiers, continuent de rançonner chauffeurs de taxis et autres conducteurs de camions, avec quelques fois des bavures meurtrières parfois. Deuxième mesure, le Chef de l’Etat vient de signer récemment, plusieurs décrets portant nomination des préfets de Police, des commandants d’unités de la Police et de la Gendarmerie nationale. A charge pour ceux-ci de mettre en place des dispositifs rapides et efficaces pour traquer et décourager les criminels et bandits de grand chemin, qui sévissent sur tout le territoire national. Tout ceci apparaît comme un grand défi qui, pour être relevé nécessite que des moyens soient mis à disposition. « Le Gouvernement veut une police opérationnelle et réactive d’accord. Alors, il faut qu’il s’attache d’abord, à améliorer le ratio « police-population », par la mise en place de structures réellement fonctionnelles, ensuite, il faut que les agents soient dotés de moyens de communication modernes (radio de longue portée, téléphones satellitaires...) sans oublier de renforcer la formation des agents. D’ailleurs, pour un meilleur quadrillage du pays, et outre l’amélioration des structures déjà existantes, il faudra poursuivre avec l’implantation des compagnies républicaines de sécurité (CRS) dans toutes les grandes villes du pays. Bien sûr, avec les moyens humains qu’il faut. Mais, tout ceci va naturellement avec une politique de recrutement, de formation et de recyclage du personnel. C’est à ce prix, que nous pourrons stopper le grand banditisme et la criminalité qui ont plus que doublé après la guerre que le pays vient de connaître », commente un Commissaire Divisionnaire de Police en poste à Abidjan. Aujourd’hui plus qu’hier, on peut l’affirmer, au regard des bonnes intentions du Gouvernement : l’arsenal qui va être mis en place doit faire pièce à la criminalité et au grand banditisme sur l’ensemble du territoire national. Mais, malgré l’espoir qu’a fait naître ces mesures du Chef de l’Etat, Bouaké continue de vivre dans la hantise des braquages de motos et autres actes de banditisme. En attendant qu’un arsenal sécuritaire digne de la ville soit déployé, l’Adjudant Amoudé Traoré et ses hommes tentent de colmater les brèches. Evoquant le bilan de deux mois d’exercice du nouveau chef de la Sécurité de Bouaké, son Chargé de Communication, a fait savoir que 47 coupeurs de route ont été arrêtés et 2 tués dans les échanges de tirs 18 kalachs, 5 pistolets automatiques, 5 fusils traditionnels et 3 tonnes de drogue ont été saisis, 2 coupeurs de route également arrêtés.
Réalisée par Daniel KOUADIO (Coll. Bosco de PARE)
Qu’une ville aussi répertoriée et chargée de symboles pour l’ex-rébellion des Forces nouvelles qu’est Bouaké puisse développer, en l’espace de quelques mois seulement, un climat d’insécurité galopante, a de quoi surprendre et choquer plus d’un habitant de la capitale de la Vallée du Bandaman. Du fait que, depuis septembre 2002, elle est tombée entre les mains de l’ex-rébellion, Bouaké s’est taillé la réputation de ville sécurisée. Pendant huit années, le Commandant de Zone, Chérif Ousmane et ses éléments, n’ont pas cessé de sonner l’hallali contre les criminels et les bandit de grand chemins. Les Ivoiriens qui ont beaucoup d’humour n’hésitaient pas à dire, à l’époque, qu’à Bouaké, on pouvait laisser son « caleçon dehors ». Une image bien à propos, pour dire que l’ancien Commandant de Zone et ses hommes veillaient sur le sommeil tranquille de leurs compatriotes. Mais, avec le déclenchement de la crise postélectorale de novembre 2010, on s’est aperçu que le dispositif – propre et bien rodé – de Chérif Ousmane s’était considérablement relâché, eu égard notamment aux mouvements des troupes appelées sur les différentes lignes de fronts. « La réorganisation des troupes a mis du temps et cela a donné des idées aux criminels, bandits et autres visiteurs indélicats qui ont repris du service avec une opérationnalité jamais enregistrée à Bouaké. Le temps que le nouveau patron de la sécurité soit nommé, qu’il prenne langue avec le terrain et mette en place, son dispositif pour quadriller la cité, ils avaient déjà mis leur réseau en branle », constate un cadre proche des Forces nouvelles à Bouaké. En effet, selon la même source, en l’espace de quelques mois, les statistiques de la criminalité ont considérablement grimpé dans la capitale du Centre. « Les braquages de véhicules et de motos, et les attaques à main armée des personnes et des domiciles ne se comptent plus à Bouaké aujourd’hui. Des gens perdent régulièrement la vie du fait de ces criminels», regrette un informateur. Mais, pour la plupart des Bouakéens interrogés, le phénomène lié à la criminalité qui s’est le plus développé - à un rythme vertigineux - pendant les derniers mois, est sans aucun doute, les braquages de motos. Il faut dire que les engins à deux roues pullulent depuis quelques années dans les ex-Zones Centre-Nord-Ouest (CNO) qui étaient sous l’autorité de l’ancienne rébellion des Forces nouvelles. « Posséder ou conduire une moto à Bouaké aujourd’hui, n’est pas chose facile. Vous êtes obligés de vous entourer de toutes les garanties sécuritaires quand vous roulez sur les grandes artères de la ville comme sur les voies peu fréquentées. Lorsque vous roulez, vous êtes obligés d’avoir le regard toujours rivé sur le rétroviseur, car il n’est pas rare qu’un individu de mauvais aloi, vous espionne et cherche le moyen de vous agresser pour vous prendre votre engin à votre descente. Deux collègues se sont retrouvés une nuit dans cette situation et se sont vu sauvagement agressés avant d’assister, impuissants, leurs agresseurs disparaître avec leurs motos. Le phénomène a pris une telle ampleur que personne n’est à l’abri d’une agression. Par mesure de prudence, moi, je ne roule plus à partir de 16 heures. D’ailleurs, après 16 heures, je ne sors plus de chez moi, car Bouaké est totalement dans l’insécurité aujourd’hui », relate, non sans amertume, mademoiselle Aïchata O, fonctionnaire de son état.
Victime d’une démoiselle
A la question de savoir, où les quidams gardent leurs butins pour ne pas se faire reconnaître par leurs victimes, notre interlocutrice répond formellement: « Au Nord du pays, à Korhogo, à Ferké, à Ouangolo, à Boundiali etc. pour les revendre ensuite. Je pense même qu’on a affaire à une filière de bandit de grand chemin que les autorités en charge de la sécurité doivent démanteler par tous les moyens. Des témoignages affirment d’ailleurs que, certains de ces indélicats individus arborent des treillis militaires. Raison de plus, pour que les responsables de la sécurité de la ville de Bouaké mettent les bouchées doubles pour traquer et mettre hors d’état de nuire ces bandits qui entretiennent la confusion dans l’esprit des citoyens. Il ne faut pas donner matière à des bandits d’amener les populations à douter de ceux qui travaillent réellement pour leur sécurité et la sécurité leurs biens. En même temps, tout doit être mis en œuvre pour que désormais, ceux qui n’y ont pas droit, ne portent plus le treillis à Bouaké comme partout ailleurs dans le pays. D’ailleurs, pour votre propre sécurité ici à Bouaké, je vous déconseille même d’emprunter les taxis-motos, car beaucoup de ces bandits se recrutent parmi les conducteurs de taxis-motos…», ajoute-t-elle catégoriquement. Même son de cloche, pour cet autre fonctionnaire de l’Etat, redéployé, il y a tout juste un an, à Bouaké et qui nous a été présenté au cours de l’enquête pour le caractère quelque peu extraordinaire de son histoire. La rage au cœur, il raconte comment, il a fait les frais d’une jeune braqueuse de motos. « Je m’apprêtais à monter sur ma moto au quartier Commerce quand une charmante jeune fille m’approcha avec un sourire dont seules ont le secret les belles femmes. Elle me salua et avec un air sérieux, m’expliqua qu’elle habitait Ahougnanssou et qu’elle souhaitait que je la dépose chez elle, si cela ne me dérangeait pas. Je n’y voyais aucun inconvénient puisque je me rendais d’ailleurs dans la zone. Il était 18h30, ce jour-là. Quand nous étions arrivés au niveau du Stade, elle s’est mise à hurler de toutes ses forces, me suppliant de m’arrêter pour qu’elle ramasse une chaussure qui venait de lui sortir du pied. Je pris les freins et me rangeai totalement à droite. Une fois à terre, je constatai effectivement, que la chaussure se trouvait projetée en pleine chaussée, à une bonne distance de nous. Je me garai et lui demandai de me laisser rattraper la chaussure pour ne pas qu’elle ait à prendre de risque, à ce moment du jour où le trafic est intense sur cette grande artère. Erreur ! Elle me laissa m’éloigner, monta le plus tranquillement du monde sur ma moto toujours en marche et s’éloigna. J’eus tout juste le temps de crier, mais eh ! Où vas-tu ? Paniqué, je mis du temps à réaliser ce qui m’arrivait. Le temps d’arrêter un taxi-moto pour me lancer à ses trousses qu’elle avait disparu dans la nature…».
Seulement voilà, dans une ville où les tissus treillis et les coutelas de soldats se vendent au marché, en plein air, où le taxi-moto est le moyen de transport le plus prisé, le débat sur le mode opératoire de ces braqueurs de motos et autres criminels de Bouaké devrait trouver sa place dans la réflexion gouvernementale en cours sur la question de la sécurité nationale après la crise postélectorale. A Bouaké, il faut dire que les habitudes créées par la situation post-guerre de 2002 ont la peau dure. Très peu de gens dans la seconde ville de Côte d’Ivoire réalisent effectivement que la belligérance est totalement finie et que le retour à la normalité est désormais un processus irréversible qui s’impose à tous. A l’inverse, beaucoup se plaisent encore et pensent pouvoir quibuscumque viis (par tous les moyens) perpétuer une économie de traite et de rapine qui fait mal malheureusement aux citoyens et qui ne profite guère à l’Etat.
Nécessité
d’une moralisation
et d’un redéploiement
urgent de la police
Dans un contexte de réconciliation nationale et de retour à la normalité, la question sécuritaire fait partie des sentiers prioritaires du chef de l’Etat. Il est vrai que la montée du banditisme et de la criminalité sont des phénomènes contingents qui n’appartiennent pas aux traditions ivoiriennes. Pour Alassane Ouattara, plus qu’hier, il convient de lutter contre ces phénomènes avec la dernière énergie en cette période post-crise. Première mesure prise, le Chef de l’Etat, conscient du grand rôle que les forces de sécurité (gendarmerie et police) sont appelées à jouer dans la renaissance de la Côte d’Ivoire, a fait procéder à un allègement, mieux, à une quasi suppression des barrages routiers et à une « moralisation » desdites forces à travers un combat destiné à supprimer définitivement le racket systématique. Les Ivoiriens attendent qu’il aille plus loin, en arrêtant des mesures vigoureuses contre les éléments qui, sous prétexte de contrôle de papiers, continuent de rançonner chauffeurs de taxis et autres conducteurs de camions, avec quelques fois des bavures meurtrières parfois. Deuxième mesure, le Chef de l’Etat vient de signer récemment, plusieurs décrets portant nomination des préfets de Police, des commandants d’unités de la Police et de la Gendarmerie nationale. A charge pour ceux-ci de mettre en place des dispositifs rapides et efficaces pour traquer et décourager les criminels et bandits de grand chemin, qui sévissent sur tout le territoire national. Tout ceci apparaît comme un grand défi qui, pour être relevé nécessite que des moyens soient mis à disposition. « Le Gouvernement veut une police opérationnelle et réactive d’accord. Alors, il faut qu’il s’attache d’abord, à améliorer le ratio « police-population », par la mise en place de structures réellement fonctionnelles, ensuite, il faut que les agents soient dotés de moyens de communication modernes (radio de longue portée, téléphones satellitaires...) sans oublier de renforcer la formation des agents. D’ailleurs, pour un meilleur quadrillage du pays, et outre l’amélioration des structures déjà existantes, il faudra poursuivre avec l’implantation des compagnies républicaines de sécurité (CRS) dans toutes les grandes villes du pays. Bien sûr, avec les moyens humains qu’il faut. Mais, tout ceci va naturellement avec une politique de recrutement, de formation et de recyclage du personnel. C’est à ce prix, que nous pourrons stopper le grand banditisme et la criminalité qui ont plus que doublé après la guerre que le pays vient de connaître », commente un Commissaire Divisionnaire de Police en poste à Abidjan. Aujourd’hui plus qu’hier, on peut l’affirmer, au regard des bonnes intentions du Gouvernement : l’arsenal qui va être mis en place doit faire pièce à la criminalité et au grand banditisme sur l’ensemble du territoire national. Mais, malgré l’espoir qu’a fait naître ces mesures du Chef de l’Etat, Bouaké continue de vivre dans la hantise des braquages de motos et autres actes de banditisme. En attendant qu’un arsenal sécuritaire digne de la ville soit déployé, l’Adjudant Amoudé Traoré et ses hommes tentent de colmater les brèches. Evoquant le bilan de deux mois d’exercice du nouveau chef de la Sécurité de Bouaké, son Chargé de Communication, a fait savoir que 47 coupeurs de route ont été arrêtés et 2 tués dans les échanges de tirs 18 kalachs, 5 pistolets automatiques, 5 fusils traditionnels et 3 tonnes de drogue ont été saisis, 2 coupeurs de route également arrêtés.
Réalisée par Daniel KOUADIO (Coll. Bosco de PARE)