Après une brève accalmie, l’insécurité des lieux de culte est de retour. En moins d’une semaine, la paroisse de l’église orthodoxe de Côte d’Ivoire, située à Angré-extension, a été attaquée deux fois. Les quidams de la première attaque, non encore identifiés, sont «une dizaine de jeunes hommes armés de pistolet calibre 12», selon le père-curé Jérémie Béhanzin, témoin et victime des faits. Le gang des Eglises opère en tenue civile et sans déguisement. Le chef de bande est appelé «commandant» et un élément répond au nom de «mono». Encore traumatisé par la terreur subie, l’homme de Dieu n’en revient pas. Il tient la tête des deux mains, ce dimanche, quand il raconte la brutalité des faits. Le 26 février à 2 heures, des hommes armés ont pénétré dans la maison de mission par la clôture. C’est le départ pour deux heures et trente minutes de calvaire. Deux se sont pointés devant sa chambre. L’un d’eux s’est jeté sur lui et son fils. «Convaincus que j’avais de l’argent sur moi, ils ont menacé ma famille avec leurs armes. Ils voulaient même me tuer. Ils ont tenté de me ligoter avant de changer d’avis. Ils nous ont trimbalés dans toutes les pièces avec atrocité », raconte le père Jérémie. Avant de partir, ces individus, apparemment sans foi, ont recommandé au père d’intercéder pour eux auprès du bon Dieu, car ils savent qu’ils viennent de pécher par action. Il s’agit là du premier braquage constaté par les policiers du 34ème arrondissement. Après ce forfait, la paroisse a subi un réaménagement pour éviter une autre scène du même genre. Que nenni. La nuit de vendredi à samedi dernier, une autre bande de voyous, non identifiés également, a remis le couvert. Toujours avec la même barbarie. Et cette fois, le père-curé a du mal à les dénombrer. Ils ont pris la poudre d’escampette, cinq minutes avant la descente des gendarmes sur les lieux. Ces gendarmes ont été alertés par le prêtre alors que les bandits se trouvaient au pied du temple. Les braqueurs d’églises ont emporté, au total, le matériel de sonorisation, des appareils électroménagers, plus de 500 mille F Cfa qui devaient servir au dédouanement d’un conteneur de vêtements pour nécessiteux, des bijoux, un appareil photo numérique et même du vin de messe. En plus de s’en remettre au bon Dieu, les dirigeants de la paroisse mènent des démarches auprès des autorités compétentes pour veiller à la sécurité du temple. Le père Jérémie Béhanzin est le représentant de l’archevêque Vladimiro, métropolitain d’Accra, lui-même représentant du pape et patriarche, sa béatitude Théodoros II d’Alexandrie en Grèce. L’église est installée à Abidjan depuis 2002 et ouverte depuis 2009.
Nesmon De Laure
Nesmon De Laure