Suite aux informations récurrentes faisant état de mortalité brusque et massive de poissons sur la lagune Ebrié dans les départements de Jacqueville et Dabou, la Direction de l’aquaculture et des pêches (Dap) a organisé les 03 et 04 juin derniers, une mission de constatation des faits dans lesdites localités. Cette mission a été effectuée en collaboration avec le Laboratoire central d’agrochimie et d’écotoxicologue (Lcae), et Lanada. Elle visait à constater et recueillir toutes informations utiles à la compréhension de ce phénomène et de prélever des échantillons de poissons, d’eau et de sédiments issus de la lagune pour des analyses au laboratoire. Le constat, selon une note d’informations dont nous avons reçu copie, révèle que les espèces les plus touchées sont essentiellement les poissons de fond tels que les machoirons, les raies, les liches, les soles, les capitaines, les brochets. Et la putréfaction rapide des espèces mortes, le fond de la lagune est de couleur noirâtre. Le phénomène est cyclique et a lieu tous les ans en début de la saison des pluies. Des hypothèses sont formulées suite à ces constats. Notamment, que ce phénomène serait dû au déversement dans la lagune d’un courant d’eau chaude et trouble en provenance du continent (fleuves et rivières), et dont les eaux sont appelées eaux blanches. Ces eaux pénètrent en lagune en profondeur, créant un déficit en oxygène au fond de l’eau avec une augmentation de la température, un dégagement de gaz divers venant de l’oxydation de certaines matières dont les eaux sont chargées. De même, le déversement dans la lagune de résidus de produits phytosanitaires utilisés dans les grandes plantations riveraines du fait du lessivage des sols desdites plantations par les eaux de ruissellement. Au cours de l’atelier national de validation de l’étude sur les filières bétail/viande et lait, tenu, hier à l’Hôtel Ibis-Plateau, le ministre des Ressources animales et halieutiques, Kobenan Kouassi Adjoumani, a relevé à la presse, les actions menées par son département. A savoir, la sensibilisation des populations sur les dangers de consommation de poissons morts. La saisie et destruction de paniers de 30 kg chacun de machoirons fumés par les agents de la direction départementale du ministère de Jacqueville. La saisie et destruction de 200 Kg de poissons (120 kg frais et 80 kg fumés) par les agents de la direction du ministère de Dabou. Le prélèvement des échantillons d’eaux, de poissons morts et de sédiments par Lcae, du Lanada pour analyse. Aussi, le ministère a-t-il fait les recommandations suivantes. La mise en place d’une cellule de crise au niveau de chaque département. La suspension temporaire des activités de la pêche sur la lagune dans les départements concernés en attendant les résultats des analyses au laboratoire. Le renforcement du contrôle et de la surveillance. Le renforcement des moyens d’intervention des services de pêche. L’évaluation de l’impact du phénomène sur les communautés de pêcheurs. La mise en place d’un dispositif d’alerte et d’intervention en vue de réagir promptement et efficacement à la survenue de ce phénomène.
Paul Koffi
Paul Koffi
