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Société Publié le samedi 13 juillet 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton - La terre Nourricière

C’est Amadou Hampâté Bâ qui me raconte l’histoire. Une vraie histoire pour la postérité. Félix Houphouët-Boigny le réveille une nuit, au-delà de minuit. Le Président ivoirien lui demande s’il entend ce que Sékou Touré est entrain de dire de lui sur les antennes de la Voix de la Révolution. Ainsi était appelée la Radiodiffusion guinéenne. Hampâté Bâ lui rétorqua ainsi : « Félix, comment tu peux me demander d’écouter la radio, à une heure pareille, et en plus Sékou ?» Pour Hampâté Bâ, il était inimaginable d’écouter la radio à un moment où les hommes étaient censés dormir. Puis Hampâté Bâ de me dire qu’il n’a jamais senti son ami aussi triste depuis qu’ils se connaissent et se fréquentent. Et Félix Houphouët-Boigny de prendre Dieu à témoin. « Que Sékou et moi ne mourions pas avant qu’il ne retire les propos mensongers qu’il vient de débiter contre moi. » Je ne dirai pas de quoi il s’agissait. Ce que Hampâté Bâ ne savait pas c’est que j’avais entendu, en direct, les dits propos. Comme la plupart des personnes de ma génération, Radio-Conakry était comme notre livre saint. Nous nous abreuvions des propos d’Ahmed Sékou Touré comme des paroles d’Evangile. Et c’était normal. La quasi-totalité des individus, surtout les hommes aiment tous ceux qui vilipendent les personnes ou les institutions qu’ils considèrent comme des réussites individuelles ou collectives. Entendre insulter notre Président était comme pour nous une libération de nos blessures, de nos aigreurs, de nos échecs. Et ce comportement ne changera pas de sitôt dans le genre humain. Le dénigrement d’un homme politique, d’un sportif, d’une célébrité, par la presse ou les rumeurs, rendent joyeux tous ceux qui se sentent blessés par la vie. Mais c’est aussi un apaisement de la société. Sans ces dénigrements systématiques des dirigeants par les dirigés de nombreux conflits auraient existé dans les pays avec de multiples guerres. J’ai donc aimé écouter la Voix de la Révolution et même faire venir par des voies détournées les ouvrages du camarade de la Révolution. Tout n’était pas faux dans les propos du responsable suprême. J’apprenais beaucoup de lui sur le développement de l’Afrique. Aujourd’hui quand j’entends parler des problèmes de chômage, je ne peux que me souvenir des propos du grand leader de la Révolution africaine. Il ne pouvait pas comprendre et admettre que la jeunesse africaine parle de chômage. Pour lui la terre nourricière s’étendait sur toute l’Afrique. Il ne fallait que se courber pour tirer du sol de quoi manger, se vêtir et avoir la prospérité. Il ne cessait de dire, dans presque tous ces discours, que l’Amérique était un modèle pour l’Afrique. Que là-bas, le paysan, les fermiers étaient les plus riches et que certains partaient dans leur plantation en hélicoptère. On rêvait tous d’avoir nos productions agricoles. De nombreux jeunes Africains, dans différents pays, abandonnèrent leurs études, même à l’université et aussi dans l’enseignement, pour devenir des hommes de la terre. A l’époque les résultats furent catastrophiques pour plusieurs raisons. On ne se lance pas ainsi dans l’aventure agricole sans avoir maitrisé certains paramètres du monde rural. Mais aujourd’hui certaines conditions sont réunies pour ce travail. Ce sont des milliers d’emplois que notre mère la terre offre à la jeunesse, aux sans emplois et aux chômeurs de courte ou de longue durée. Avec la fièvre de l’hévéa tout le monde a compris que la terre est nourricière. C’est la ruée vers les campagnes. C’est le cas d’un jeune homme de ma proche connaissance qui m’a inspiré cette chronique. Fatigué de ne recevoir aucune réponse à ces demandes d’emploi de titulaire de Brevet de Technicien Supérieur, il rentra en brousse. Il fait merveille dans la région d’Abengourou avec sa ferme. Il regrette de n’y avoir pas pensé depuis longtemps. Que de temps passé à attendre un emploi de bureau. Dans un village, avec cinq poulets, deux moutons, on peut commencer à vaincre le chômage. En plus d’une petite terre pour faire du piment sec, une culture rentable et qui ne pourrit pas. L’essentiel est de commencer petit et d’être patient. La terre ne ment pas. La terre c’est la vérité. On y réussit toujours quel que soit la culture. Quand elle produit c’est pour une longue durée. Dans la terre il n’y a pas que l’hévéa, il ya de tout, même de l’or, et tout est de l’or. Quand la jeunesse le comprendra, on ne verra plus les gens restés dans les salons des parents, pendant des décennies, attendre un emploi dans les grandes villes. Dieu a mis tout sous leurs pieds et ils refusent. Il est impossible de faire comme au Vietnam, avec les Khmères rouges. Envoyer tout le monde dans les campagnes. En plus la vie est belle, en ville, lire et entendre des propos qui réconfortent et apaisent les aigreurs. Ainsi va l’Afrique et à la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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