Les vendeurs de bétail venus des pays frontaliers ont pris d’assaut le parc à bétail de l’abattoir de la commune de Port-Bouet. Cela en prélude à la traditionnelle fête de la tabaski. Mais, la clientèle se fait désirer.
Mardi 8 octobre 2013. A quelques jours de la fête de la tabaski (appelée abusivement la fête du mouton, du fait de l’importance de cette bête dans le rituel religieux musulman), le constat est assez révélateur du degré de paupérisation de la population ivoirienne. Si les vendeurs de bétail sont bien présents à l’abattoir de Port-Bouet et dans les différents points de vente, on note au contraire une réticence de la part des clients. Faute de moyens financiers suffisants pour faire face au prix très élevé des bêtes, indiquent-ils.
Selon Ali O. vendeur de moutons venu du Mali, les clients se plaignent de la cherté du prix du bétail. Tout en expliquant l’origine de cette flambée des prix. « On vient de très loin. Depuis Gao, au Mali. On loue un camion à 1 million FCFA. Avant d’arriver à Abidjan, on débourse près de 300.000 FCFA de frais routiers. Arrivé en Côte d’Ivoire, avant de décharger un seul camion, on nous demande de payer une somme de 200 FCFA par mouton. Ce qui nous revient cher. Après avoir payé tous ces frais, on doit encore payer certains frais pour les enclos. Ceux-ci nous reviennent à 50.000 FCFA, voire 60.000 FCFA. Ce n’est pas à discuter même si ce sont nos propres enclos. Quant aux enclos loués par la mairie, ils coûtent très chers. L’unité est à 120.000 FCFA », explique-t-il. « Si le prix du mouton a augmenté, c’est parce qu’on est fatigués des tracasseries. Pour un mouton qui devrait coûter 50.000 FCFA, on peut le vendre aujourd’hui à 100.000 FCFA ou 200.000 FCFA. Il y a même des moutons de 400.000 FCFA et 500.000 FCFA. Contrairement à cinq ou six ans, on ne subissait pas beaucoup tracasseries de la part des autorités. L’actuel gouvernement ne nous facilite pas la tâche. Qu’il revoie sa manière de faire. Sinon on va arriver à un stade où on ne pourra plus acheter même un mouton dans ce pays », commente Ousmane B., vendeur de bétail venu du Burkina Faso.
Les vendeurs, très en colère, se plaignent également des vols de leurs bêtes. « C’est presque tous les jours qu’on constate la disparition des bêtes des enclos. On soupçonne les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire de complicité. La sécurité n’est pas garantie sur les sites. Avec tous ces éléments postés aux endroits stratégiques du parc à bétail, comment peut-on facilement voler des moutons ? Voilà, une autre plaie. On se rattrape en reportant sur les bêtes restantes les prix de celles qui ont été volées », explique Issa T., venu lui aussi du Mali.
Quant aux rares clients que nous avons rencontrés sur le site, c’est la consternation totale. Ce ne sont que des plaintes qui émanent de leurs propos. Ibrahim D., cadre à Petroci, présent depuis le matin à la recherche d’un mouton, se plaint de l’inaccessibilité des prix, même pour les bourses moyennes : « Depuis 14h je suis là. Je ne fais que tourner parce que je n’ai pas encore trouvé un mouton à mon prix. C’est vraiment top cher. Ce n’est pas normal qu’on doit débourser une grosse somme pour un seul animal. Une autorité gouvernementale aurait pu venir sur les lieux pour s’imprégner des réalités du terrain. La souffrance des Ivoiriens ne peut pas continuer ainsi ». Un autre, Idrissa B., agent du Trésor, ne dit pas autre chose : « Sincèrement, avant 2011, les choses se passaient quand même bien. On pouvait faire ses achats longtemps et attendre patiemment la fête. Alors que, aujourd’hui, non seulement, on doit chercher de l’argent, mais en plus on doit faire face à la flambée des prix ».
Il est plus de 17h30, le soleil commence à se coucher sur le parc à bétail de l’abattoir de Port-Bouet. Vendeurs et acheteurs vont se séparer sur une note commune : la vie est vraiment devenue très dure en Côte d’Ivoire.
A.Z.
(Stagiaire)
Mardi 8 octobre 2013. A quelques jours de la fête de la tabaski (appelée abusivement la fête du mouton, du fait de l’importance de cette bête dans le rituel religieux musulman), le constat est assez révélateur du degré de paupérisation de la population ivoirienne. Si les vendeurs de bétail sont bien présents à l’abattoir de Port-Bouet et dans les différents points de vente, on note au contraire une réticence de la part des clients. Faute de moyens financiers suffisants pour faire face au prix très élevé des bêtes, indiquent-ils.
Selon Ali O. vendeur de moutons venu du Mali, les clients se plaignent de la cherté du prix du bétail. Tout en expliquant l’origine de cette flambée des prix. « On vient de très loin. Depuis Gao, au Mali. On loue un camion à 1 million FCFA. Avant d’arriver à Abidjan, on débourse près de 300.000 FCFA de frais routiers. Arrivé en Côte d’Ivoire, avant de décharger un seul camion, on nous demande de payer une somme de 200 FCFA par mouton. Ce qui nous revient cher. Après avoir payé tous ces frais, on doit encore payer certains frais pour les enclos. Ceux-ci nous reviennent à 50.000 FCFA, voire 60.000 FCFA. Ce n’est pas à discuter même si ce sont nos propres enclos. Quant aux enclos loués par la mairie, ils coûtent très chers. L’unité est à 120.000 FCFA », explique-t-il. « Si le prix du mouton a augmenté, c’est parce qu’on est fatigués des tracasseries. Pour un mouton qui devrait coûter 50.000 FCFA, on peut le vendre aujourd’hui à 100.000 FCFA ou 200.000 FCFA. Il y a même des moutons de 400.000 FCFA et 500.000 FCFA. Contrairement à cinq ou six ans, on ne subissait pas beaucoup tracasseries de la part des autorités. L’actuel gouvernement ne nous facilite pas la tâche. Qu’il revoie sa manière de faire. Sinon on va arriver à un stade où on ne pourra plus acheter même un mouton dans ce pays », commente Ousmane B., vendeur de bétail venu du Burkina Faso.
Les vendeurs, très en colère, se plaignent également des vols de leurs bêtes. « C’est presque tous les jours qu’on constate la disparition des bêtes des enclos. On soupçonne les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire de complicité. La sécurité n’est pas garantie sur les sites. Avec tous ces éléments postés aux endroits stratégiques du parc à bétail, comment peut-on facilement voler des moutons ? Voilà, une autre plaie. On se rattrape en reportant sur les bêtes restantes les prix de celles qui ont été volées », explique Issa T., venu lui aussi du Mali.
Quant aux rares clients que nous avons rencontrés sur le site, c’est la consternation totale. Ce ne sont que des plaintes qui émanent de leurs propos. Ibrahim D., cadre à Petroci, présent depuis le matin à la recherche d’un mouton, se plaint de l’inaccessibilité des prix, même pour les bourses moyennes : « Depuis 14h je suis là. Je ne fais que tourner parce que je n’ai pas encore trouvé un mouton à mon prix. C’est vraiment top cher. Ce n’est pas normal qu’on doit débourser une grosse somme pour un seul animal. Une autorité gouvernementale aurait pu venir sur les lieux pour s’imprégner des réalités du terrain. La souffrance des Ivoiriens ne peut pas continuer ainsi ». Un autre, Idrissa B., agent du Trésor, ne dit pas autre chose : « Sincèrement, avant 2011, les choses se passaient quand même bien. On pouvait faire ses achats longtemps et attendre patiemment la fête. Alors que, aujourd’hui, non seulement, on doit chercher de l’argent, mais en plus on doit faire face à la flambée des prix ».
Il est plus de 17h30, le soleil commence à se coucher sur le parc à bétail de l’abattoir de Port-Bouet. Vendeurs et acheteurs vont se séparer sur une note commune : la vie est vraiment devenue très dure en Côte d’Ivoire.
A.Z.
(Stagiaire)