“Nous voulons rencontrer le Chef de l’Etat et le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko. C’est vrai que nous les remercions pour tout ce qu’ils font pour la filière bétail et pour la libre circulation des biens et des personnes mais nous avons beaucoup à redire, surtout au niveau des sommes que nous avons payées lors de cette période de Tabaski, au niveau de l’abattoir de Port-Bouët ». Ces propos ont été tenus hier, à l'Abattoir de Port-Bouët, par Hassane Dramera, président de l'Union régionale des marchands de bétail (Uremab), deux jours après la Tabaski. Lors de cette rencontre à laquelle ont pris part de nombreux marchands de bétail, Hassane Dramera a exigé le remboursement des sommes qui leur ont été prélevées car ‘‘cet argent n’est pas allé dans les caisses de l’Etat et n’a nullement servi leur cause’’. Avant de solliciter également une audience auprès du ministre du Commerce, du Gouverneur du District d'Abidjan pour en savoir davantage. Bien avant son intervention, au cours de cette rencontre-bilan, ces éleveurs et marchands de bétail ont ressassé les difficultés rencontrées lors de cette période. Sans porter de gant, ils ont fustigé le racket dont ils ont été l’objet. A cela il faudrait ajouter le vol de certaines bêtes. « Mes difficultés ont commencé lors du convoyage de mon bétail du Mali. Précisément au niveau du corridor de Gesco, dans la commune de Yopougon. On m’a pris un bélier de force. Une fois à l'Abattoir de Port-Bouët, j’ai été contraint de verser la somme de 150 000 FCFA pour disposer d'un enclos devant accueillir mes bêtes. Je n’étais vraiment pas au bout de mes peines car au moment du déchargement des moutons, j’ai constaté qu’on m’avait volé 11 moutons », a expliqué Ali Kouta. Quant à Moussa Dembélé, il a relaté qu’en provenance du Mali, arrivé à l'Abattoir, il a dû débourser 180 000 FCFA au motif qu’on lui donnerait un enclos. « Au final, je n’ai rien obtenu et j’ai dû me débrouiller pour trouver un endroit pour parquer mes bêtes. Malheureusement j’ai été victime de vol de moutons », a regretté Dembélé. Pour sa part, Amadou Soulebâ signale avoir décaissé 180 000 FCFA pour rien puisqu’il n’a obtenu ni reçu ni enclos. Les marchands ont aussi décrié l’exiguïté des enclos. « Un enclos ne peut même pas accueillir un camion de moutons. Il a fallu deux enclos pour accueillir un chargement de bêtes. Et dans le cadre de mes activités, je devrais logiquement débourser la somme de 50 000 FCFA : 30 000 FCFA pour l'enclos et 20 000 FCFA pour la sécurité. Mais on nous a imposé 150 000 FCFA à 180 000 FCFA. Je demande donc aux autorités de se pencher sur cette situation. », a clamé Boley Adama, bouvier de son état. Abondant dans le même sens, Mahamadou Diallo a souhaité que ‘‘l'Etat agisse pour que cette situation cesse, sinon c'est la Côte d'Ivoire qui en pâtirait’’. Il a dû brader ses bêtes (au risque de les perdre) car elles n’avaient pas d’enclos. Kaboré Amadou, chef de parc a, lui, fait savoir que ''si l'Etat ne fait rien, l'année prochaine il n'y aura pas de moutons en Côte d'Ivoire''. Présent sur les lieux, Marius Comoé, président de la Fédération des associations de consommateurs actifs de Côte d'Ivoire (FACA-CI), a dit ne pas être insensible à la situation vécue par les marchands de bétail. « Ce sont des centaines de millions de francs qui vous ont été extorqués. L'année prochaine, je serai sur le terrain avec vous pour la sécurisation de vos activités», a promis Comoé. Il a été soutenu par Soumahoro Farikou, président de la Fédération nationale des commerçants de Côte d'Ivoire (Fenacci) qui a demandé que les sommes exigées à ces acteurs leur soient rétrocédées.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA