“Caporalisation des médias d'Etat ", quelle horrible expression ! Elle signifie (définissons-là pour une fois), que dans un pays, un groupe d'individus ou un régime (c'est souvent la même chose), fait main basse, à son seul profit, sur les médias publics (télévision, radio, journal…) de façon autoritaire, vicieuse, mesquine et tyrannique. Voici ce que signifie l'expression " Caporalisation des médias d'Etat ". De mémoire de jeunes ivoiriens, cette expression a été abondamment utilisée par l'opposant Laurent Gbagbo pour dénoncer la mainmise du régime Pdci d'alors, sur les médias d'Etat. " On ne peut pas ouvrir la télévision sans voir la tête de Bédié ou une marche du Pdci ", avait-il dénoncé en 1995. Mais voilà, tous les Ivoiriens, sans même être membres d'un parti politique, sont unanimes à reconnaître aujourd'hui que les médias d'Etat et notamment la télévision nationale en font trop. Pour le président de la république et son camp. Quand on ouvre la télévision, on éprouve tout de suite un sentiment de malaise profond, et on est obligé de changer de chaîne devant le pitoyable spectacle qui est servi par les responsables de la télévision. Le président a prononcé un discours devant une institution internationale ? Vite, un spécialiste du Fpi pour s'adonner, en direct sur le plateau du journal de 20 heures, à une explication de texte. Un problème se passe à la Cei ? Vite, une intervention télévisée de Blé Goudé depuis Gnaprayo, son village natal, pour calomnier, diffamer et vociférer. Un présumé fraudeur a été pris à Tiassalé ? Vite, une intervention télévisée de Mme Bro Grébé depuis Gagnoa pour… Un incident s'est produit dans une ville Cno entre des éléments des Forces nouvelles et une délégation de la majorité présidentielle ? Vite, une déclaration télévisée du Cnrd, du Fpi, de l'Urd, de L'udcy, du Rppp, du directeur de campagne du candidat Gbagbo… Des partis d'opposition ont donné leur avis contraire sur le même sujet ? Qu'ils causent toujours ceux-là ! Ils ne savent pas que nous sommes revenus à l'époque du parti unique ? Des citoyens ordinaires ont fait une déclaration publique qui ne va pas dans le sens de la pensée unique du régime ? Ils ne passeront jamais à la télévision ! Ces mêmes citoyens applaudissent le président ? Vite, trois caméras, gros plans, gros titres ! C'est devant cette situation ahurissante que les jeunes du Rhdp ont décidé de manifester pour protester contre ce comportement des dirigeants de la Rti le mardi 26 janvier prochain. Les quatre leaders de ce rassemblement, au cours d'une grande réunion tenue avant-hier à la maison du Pdci, ont apporté un soutien ferme à leurs jeunesses dans leur volonté de dénoncer démocratiquement la " caporalisation des médias d'Etat ". Et comme ils l'ont expliqué, il s'agira tout simplement d'un acte citoyen, une action " à mains vides ", un comportement normal et logique de citoyens frustrés qui revendiquent un droit constitutionnel. L'égalité d'accès aux médias d'Etat et son corollaire, la liberté d'expression.
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO
