Comment se porte la douane, version Mangly ? Question d'autant plus pertinente que les conclusions de la dernière mission du Fonds monétaire international (Fmi) parlent de contre-performance. La vérité sur les recettes douanières.
Si le Président Laurent Gbagbo affirme, avec force, que la Côte d'Ivoire est un pays solide, c'est en partie grâce aux douanes ivoiriennes, qui en constituent l'une des mamelles nourricières de son économie. Mais pour doper les recettes douanières, il eut fallu une ingénieuse idée du gouvernement des "profs" de Pascal Affi N'Guessan d'alors : l'appel à candidature pour la direction des régies financières dont la douane. En somme la pédagogie par compétence. Disons-le net, cela a marché, et bien marché. Du fond de l'abîme, avec -1,8% en 2001, les recettes ont amorcé une croissance jusqu'en 2004, avant de connaître une chute brutale, liée, selon les spécialistes, aux événements politiques. Notamment, ceux de novembre 2004, où l'armée française a assiégé l'hôtel Ivoire, a bloqué les ponts, et cerise sur le gâteau "gaulois", a détruit la quasi-totalité des aéronefs de l'armée ivoirienne. Le pays, de fait, en état de siège, va connaître une perturbation de ses activités commerciales. De 2005, jusqu'aujourd'hui, les recettes sont en phase ascendante. On le doit à deux hommes : le colonel major Gnamien Konan et son adjoint, le colonel major, Alphonse Mangly, qui, finalement, a succédé au premier, courant 2007. Les deux hommes ont entrepris des réformes qui ont connu des fortunes diverses. Sous Gnamien, un document cadre révèle que, "si les opérateurs économiques ont salué l'initiative des réformes, ils notent cependant que leur situation n'a pas changé pour autant. A les entendre, ni les problèmes de célérité auxquels les réformes auraient dû apporter une réponse appropriée, ni l'endiguement de la fraude qui devait en découler, encore moins la réactivité et la pro-actvité opérationnelles qu'ils étaient en droit d'attendre de nombreuses mesures appliquées n'ont pas été au rendez-vous". Toujours, selon le rapport interne, "les opérateurs ont noté par exemple que l'informatisation des procédures a changé les méthodes de travail classiques avec pour conséquence, la modification profonde du fonctionnement de l'administration essentiellement orienté vers le résultat par la sécurisation au maximum des recettes". Les réformes entreprises par le colonel major Mangly ne sont pas, non moins, exemptes de reproches. Les missions de l'Organisation mondiale des douanes (Omd) et du Fonds monétaire internationale (Fmi) s'accordent à dire que, "malgré ses succès, le programme de réforme connaît un certain nombre de difficultés. Difficultés dues, en grande partie, à la trop grande importance accordée aux recettes et à l'utilisation intensive de l'informatique". En dépit de ces difficultés, que ce soit Gnamien Yao ou Alphonse Mangly, les recettes douanières sont allées ou vont crescendo, preuve de leurs capacités à minimiser les écueils. Le premier arrivait à bonifier les recettes par la méthode des anticipations, méthode qui consiste à faire payer les entreprises d'avance. Les anticipations, dit-on, sont demeurées supérieures aux apurements de 2004 à 2007. Le niveau élevé des recettes sur cette période s'explique en partie par les recettes additionnelles apportées par les anticipations. Quant à Alphonse Mangly, il fait face à plusieurs problèmes qui font parler le Fmi de contre-performance. A savoir qu'en 2008, les anticipations étaient inférieures aux apurements, engendrant un manque à gagner de 5,280 milliards. A cela, il faut ajouter un manque à gagner de 40,8 milliards, issus des abattements fiscaux sur les produits à l'importation à partir d'avril 2008. On se souvient que face à la cherté de la vie qui a entraîné de violentes manifestations de rue, l'Etat avait consenti à ces abattements pour les produits de première nécessité comme le riz. Au total, les recettes douanières ressemblent à des variables très aléatoires sur lesquelles le Directeur général n'a pas toujours de prise.
Tché Bi Tché
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